Ce samedi 23 mars 2024, jour du Dépassement : la Belgique vivra et jusqu’au 31 décembre à crédit sur des ressources naturelles qu’elle n’a pas. Un crédit qu’elle ne remboursera pas.

On rappelle régulièrement cette phrase de Jacques Chirac, Président de la République française,

« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs »,

en ouverture de son discours devant l’assemblée plénière du IVe Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Et on s’indigne de l’absence de prise en compte, depuis ces 20 années. Et de conclure :

Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie.”

Mais c’est le 28 février 1970 que le Président Georges Pompidou prononce à Chicago un discours sur les problèmes de l’environnement urbain :

« L’emprise de l’homme sur la nature est devenue telle qu’elle comporte le risque de destruction de la nature elle-même […] La nature nous apparaît de moins en moins comme la puissance redoutable que l’homme du début de ce siècle s’acharnait encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu’il importe de protéger pour que la Terre demeure habitable à l’homme ».

Et nous voilà ce soir, un demi-siècle plus tard… à entrer tête baissée dans un autre déficit, jusqu’à la fin de l’année, dont on ne se soucie guère, fait de ces coûts externalisés… Reste à peine le souvenir d’un verbe merveilleusement ciselé, qu’on ne trouve plus guère chez les politiques.

Le changement de paradigmes qu’impliquerait la prise en compte du défi climatique est d’une énormité telle que le courage politique manque, comme il ressort du «  Grand débrief », l’épisode le plus long de toute la série du “Tournant”, l’excellente émission de la Première RTBF portée par Arnaud Ruyssen! Où l’on passe à la moulinette les 6 interviews des présidents de parti francophones sur l’urgence écologique. Et manquera. Comme manquent et manqueront les moyens pour l’affronter, et l’adaptation à ses effets d’ores et déjà irréversibles.

Cela fait penser à George Sand, lanceuse d’alerte écolo et sauveuse de la forêt de Fontainebleau. Pour elle, une des plus graves immoralité de l’homme est de dire : “Après moi le déluge“, de ne pas se soucier de ce qu’il va laisser aux générations futures. Cela lui semblait le plus préjudiciable tant à l’humanité qu’à l’avenir de la planète. Or, c’est exactement ce qu’on constate.

C’est d’autant plus grave – impardonnable, tous partis confondus, quand on a fait métier de “faire de la politique”, dont la finalité est d’organiser notre cadre de vie au sens large, ici, maintenant et demain.

Bernard Chateau,

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