Les principaux documents dont nous disposons sont, rappelons-le, les nombreuses notes prises par Gonzalès Decamp, notes devant servir à la rédaction d’une monographie de Carnières.

Dans les premières pages des documents glanés tout au long de sa vie, il écrit : “les populations de l’âge romain sont représentées à Carnières par plusieurs vestiges. Citons d’abord, la chaussée qui part de Bavay vers Tongres…” Cette chaussée importante dans le cadre de l’empire romain, n’était probablement qu’une amélioration d’une voie plus ancienne. « Nous pensons que Rome ne fit qu’empierrer et rectifier la direction de certaines routes existantes avant la conquête », écrit M. Stroobant (1). « La mise en état de chaussées, de vieux chemins gaulois est contemporaine de la conquête de la Bretagne en 43 P.C.N. et la fondation d’une colonie à Cologne par l’empereur Claude en 50 P.C.N. » d’après J. Fichefet (2). Le même auteur fait remarquer aussi que « le dessin parcellaire de beaucoup de divisions cadastrales actuelles des propriétés foncières… donnent des figures géométriques contiguës à la chaussée…; les côtés de ces figures sont souvent perpendiculaires au tracé des anciens chemins (3). Si nous nous en référons au Plan parcellaire de Popp. de 1860 de la commune de Carnières, nous ne pouvons que constater cette affirmation. Du lieu-dit « La Haye Jean et du Trou» jusqu’au « Champ de mon plaisir » soit de la Haine au bois d’Hérimont, les parcelles numérotées 145 à 142 et 267 à 272 et leurs subdivisions sont toutes perpendiculaires à l’axe de la grande chaussée romaine. Aucun sentier ni chemin ne semblent jamais avoir recoupé ces parcelles jusqu’à nos jours. « La direction des lignes parcellaires font penser à une division très ancienne des terres qui ne peut remonter qu’à la confection du cadastre romain » (4). C’est, certes, la preuve la plus certaine de l’occupation du territoire de Carnières à l’époque romaine.

Plusieurs découvertes apportent aussi un témoignage romain. Quoique peu précises et de peu de valeur scientifique, nous les livrons cependant puisque Gonzalès De-camp les avait mentionnées dans ses notes.

Vers 1830, André Dartevelle, défonçant une partie de prairie dite « Pachy à gnies-ses », au hameau de Colarmont, mit à jour « une sorte de tombeau maçonné renfermant des poteries avec ossements, des vases en terre à dessins». Ces objets auraient été brisés sauf deux, l’un vendu à un brocanteur, l’autre gardé par G. Decamp.

Vers 1840, à l’endroit dit : « A trois arbres ou « As ourmes » le long de la chaussée romaine, des tuiles et des pièces de monnaie furent exhumées. Ces objets auraient été acquis par M. Manderlier de Morlanwelz. Auprès de la maison dite « La Gratenne » et dans la campagne « des Castelets » selon Ed. Peny qui a fouillé cette région, d’autres vestiges romains auraient été mis à jour.

Vers 1885, François Dartevelle aplanissant un terrain (« Pachy Roupée »), bordé par le bois de l’Hôpital, trouva un bord de vase, probablement un dolium, portant le sigle du potier Brariatus et un fragment de statue, une effigie de Mars ou de Mercure. Gonzalès Decamp fait remarquer que « le fragment n’est pas assez complet pour asseoir une détermination certaine ».

Enfin, une amphore fut découverte non loin du chemin du Moulin (de Colarmont) au bord de l’ancien lit de la Haine rectifié par M. Duvivier-Malengret, fermier au petit Saint-Hilaire à la fin du 19e siècle.

Toutes ces découvertes, quoique de peu de valeur scientifique par manque de précision, d’analyse, de description et fort probablement égarées, témoignent cependant de la présence romaine sur le territoire de Carnières.

A. TAMINIAUX.

(1) Stroobant, Exploration de quelques tumuli de la Campine anversoise, dans les Annales de l’Académie royale d’archéologie 5° série, t. IV – 1902
(2) J. Fichefet. Occupation romaine en Hainaut central. Manage. 1952. p. 19
(3) (4) J. Fichefet. Ibidem, p. 48

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