HISTORIQUE
Comme il n’y a qu’une seule route appelée Chaussée (1) sur le territoire de Carnières, on peut supposer que la chapelle dénommée « chapelle de la Chaussée » ait pu être située le long de cette voie importante, la Chaussée Brunehault.
En fait, deux chapelles pourraient avoir eu cette dénomination de Chapelle de la Chaussée : l’une existant encore aujourd’hui, appelée Chapelle du Saint-Sang (2), l’autre, disparue depuis de nombreuses années et pour laquelle nous avons pu recueillir quelques renseignements.
Voici ce que Gonzalès Decamps (3) relate à la date de 1147 : « Saint Bernard se dirigeant par notre pays de Liège à Cambrai en passant par Gembloux, Villers, Fontaine l’Evêque et Binche, a du passer par Carnières, soit en allant de Villers à Fontaine, soit en venant de cette ville à Binche où il est arrivé par la plaine (camporum planitiem) ». Ce qui semble le prouver c’est que deux chapelles Saint-Bernard existaient à Carnières, l’une au carrefour de la Chaussée Brunehault et de la route d’Anderlues (Placard), la seconde le long du Vieux chemin de Namur sur Collarmont, à la sortie du Bois des Vallées.
Une chapelle Saint-Bernard aurait effectivement existé au Vieux chemin de Namur, c’est-à-dire rue de Collarmont, à la sortie du Bois des Vallées, mais si des anciens habitants du quartier en avaient un vague souvenir (en 1980), ils ne pouvaient plus la situer.
Quant à la chapelle Saint-Bernard du Placard, dite aussi chapelle de la Chaussée, on sait qu’elle a réellement existé et deux documents l’attes-tent. Un plan (Fig. 1) conservé aux Archives de l’Etat à Mons (4) renseigne la présence d’une chapelle, dénommée chapelle Neuve, au carrefour du Placard, en 1725 (C). Un ouvrage (5) relatif aux charbonnages parle d’une chapelle qui existait au Placard en 1750. Un curé de Carnières, du milieu du XVII siècle, Sire Walter Jonart, en parle aussi dans les notes qu’il a consacrées au village de Carnières : « Approchant de la Cauchie dite Brunehaut, de toute ancienneté se voidt une capelette en pierre où est l’effigie de Saint Bernart, le glorieux instaurateur de l’ordre de Clairvaux, grand dévotieux de la T.S. Vierge lequel pérégrina sans aulcun doubte en nos vallons quand venant de Nivelle il alla vers les cantons de Fontaine, Binche et Monts, comme il est dit en le récit de dits voyaiges par son disciple Gilbert. Ce monument est bien anticque et je n’ay peu desbrouiller pour cause de vétusté et de mousses une inscription qui est insculptée en une tablette en desoubs de son imaige ».
La dénomination de « chapelle neuve » peut laisser penser que la vieille chapelle évoquée par le curé Jonart au XVII siècle ait fait place au XVIII® siècle à une « neuve» chapelle au même emplacement et décrite sur le plan de 1725.
CULTE
Né en Bourgogne en 1090 ou 1091, Bernard entra à l’abbaye de Citeaux à 22 ans. Il sauva ce monastère de la faillite et en 1114, il institua à Clairvaux, une abbaye qui allait compter bien vite plus de 700 moines. De son vivant, il fonda 500 abbayes de l’ordre cistercien dont certaines en Belgique. Il visita d’ailleurs à plusieurs reprises nos régions. Il vint aussi prêcher la 2* croisade dont il faisait d’ailleurs une grande propagande. En Wallonie, on l’invoque pour accélérer et favoriser la délivrance des femmes enceintes, contre les crampes intestinales et l’engourdissement des membres, contre les tumeurs malignes, les troubles cardiaques, les maladies infantiles, les faiblesses du foie ou de l’estomac. Mais dans le Centre, on l’implorait plus particulièrement pour les maladies des animaux de la ferme, des chiens et des chats. Il est honoré le 20 août.
A.M. Marré-Muls
(1) Chaussée Brunehault ou Chaussée romaine, reliant Boulogne-Bavay-Tongres-Cologne; un des grands axes routiers de la Gaule et du système routier romain. Son origine est même néolithique.
(2) Chapelle du Saint-Sang décrite plus loin.
(3) DECAMPS Gonzalès, op. cit., t. 1, p. 56.
(4) Plan terrestre faisant séparation d’une partie de la signorie d’Airmonde, contre la signorie de Carnier 1725, dans Archives de l’Etat à Mons, n° 1048.
(5) MONOYER J., Mémoires sur l’origine et le développement de l’industrie houillère dans le bassin du Centre, Mons, 1874, 130 p.