Mon arrière-grand-mère, décédée en 1958, respectait en préparation de Pâques, quelques préceptes qui étaient transmis de générations en générations depuis, sans doute, la nuit des temps.

Durant la Semaine sainte, pendant qu’elle effectuait son traditionnel nettoyage de printemps, elle occupait ses petites-filles à découper des cloches en papier que l’on collait aux fenêtres au moyen de blanc d’œuf, afin que les cloches, de retour de Rome, n’oublient pas, le jour de Pâques, de déposer dans le jardin les traditionnelles gâteries.

Le vendredi saint, elle, comme beaucoup d’autres, se rappelait la légende qui veut que l’âme du Christ, après sa mort, ait erré dans la campagne et qu’ayant rencontré une femme qui lavait, elle lui ait demandé de faire quelque chose pour ses blesures, la commère n’ayant que son savon, entreprit de lui en laver ses plaies, ce qui provoquant une douleur, fit dire à l’âme : « Maudite, soit la femme qui lave en ce jour !» Poursuivant son chemin, l’âme rencontra une autre femme qui cuisait son pain et cette deuxième bonne femme soigna les stigmates avec de la pâte, ce qui fut agréable à l’âme qui s’écria: « Bénie, soit la femme qui cuit en ce jour ! »

Aussi, évite-t-on toujours d’employer du savon le vendredi saint et par contre, on s’efforce de cuire du pain ou de la pâtisserie. Cette tradition est encore assez vivante.

A 15 heures, l’aïeule allait au jardin, y récitait ses prières, un Pater et un Ave, ensuite elle semait les plantes annuelles, prétendant que de cette manière, ses parterres resteraient fleuris toute la saison et que ses petites fleurs seraient de couleurs vives et variées.

Dans d’autres maisons, à 15 heures, heure présumée de la mort du Christ, on casse un œuf du jour dans un verre d’eau que l’on place à la chaleur, l’albumine du blanc se coagule ainsi lentement tandis que le jaune reste en suspension ou coule au fond du verre.

Le motif ou parfois la figurine que dessine l’œuf est alors un support aux divina-tions. Des gens, en interprétant cette allégorie, prétendent de cette manière, prédire les événements qui leur arriveront cans le courant de l’année.

Il est curieux de noter, à propos de cette pratique, qu’une amie Suissesse, ayant effectué plusieurs périples en Amérique Latine, m’a raconté que les guérisseurs indigènes emploient cette méthode afin de savoir, suivant une certaine symbolique, si leur patient est victime d’un envoûtement ou d’une maladie, et de cette manière, en déterminer les causes.

Vollà, ces choses dites; quels qu’aient été vos préparatifs pour la fête de la Résurrection et quelles que soient vos croyances, je vous souhaite une très heureuses fête de Pâques.

Jean-Noël JAUNIAUX (C.-V., S.-J.).

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