Ces derniers temps, la presse et la radio, la rumeur publique et les on-dit ont révélé la découverte à Carnières de pierres bien curieuses.

C’est en mai, que M. Marcel Splingard, gérant du Foyer Carnièrois, me signalait la découverte d’un mégalithe, sur le chantier de construction de la nouvelle cité du Pairois, sise rue Beauregard.

Le dépouillement des archives et la lecture de documents anciens m’avaient déjà appris deux choses : tout d’abord, que la rue Beauregard s’appelait anciennement chemin de Mons à Namur et qu’elle avait été un diverticulum romain aménagé sur une ancienne piste préhistorique et ensuite, que le nom ce Pairois provenait de Perrois ou Pierrois, signifiant lieu pierreux.

Avant toute découverte, il s’avérait conc possible de trouver des « pierres» au Pairois, des bornes ou menhirs, le long de l’antique chemin de Mons à Namur.

Arrivée sur les lieux, j’ai pu constater la présence de trois énormes masses do grès et depuis, deux autres ont été localisées.

Il fallait alors fouiller le site et cela fut effectué trois jours plus tard; on a récolté quelques beaux silex taillés et dégagé les contours de ces pierres vraiment énormes.

L’analyse d’un géologue travaillant au Service Géologique de Belgique nous apprit que nos « mégalithes» étaient en grès landénien caractéristique de l’éocène inférieur et dataient donc de 55 millions d’années.

Le terrain sablonneux les entourant était typique aussi. Nos pierres n’étaient donc pas importées mais d’origine locale.

Les archéologues ont alors étudié le site et ils ont constaté que trois des cinq pierres découvertes, les seules qui furent dégagées, présentaient une cassure à la base ; la trouvaille d’outils en silex, provenant de la préhistoire et la présence proche d’une voie préhistorique, permettaient d’émettre l’hypothèse selon laquelle les pierres découvertes au Pairois auraient été d’anciens menhirs ou pierres dressées.

Il était courant à l’ère chrétienne de renverser les pierres souvent dites du diable et de faire disparaître toutes traces de ces pierres; l’une de nos pierres présente une proionce cassure qui aurait pu se produire suite à sa chute.

Je ne voudrais pas qu’on me reproche à Carnières de voir des menhirs dans toute pierre un peu grosse trouvée au Pairois; car il y a eu des dizaines de pierres plus ou moins grosses qui ont d’ailleurs servi depuis des temps immémoriaux à la construction de bâtisses.

Une charte de 1265 mentionne déjà une réserve (effusionem lapidum…) quant à l’extraction des pierres. En 1757, fonctionnait encore une carrière au Pairois ; nous avons d’ailleurs aussi retrouvé une belle pierre taillée très certainement travaillée sur place.

Beaucoup de margelles de puits ont été faites à partir de ces grès mamelonnés et comme on peut encore le constater de nos jours, pas mal de murs ou de soubassements contiennent des moellons de grès.

Mais nous sommes en présence ici de faits troublants; des silex taillés, des pierres types pouvant avoir été utilisées comme pierres dressées et la piste préhistorique toute proche nous permettent, me semble-t-il, de poser une hypothèse.

Nous allons pousser plus loin encore nos investigations, demander conseil aux meilleurs spécialistes de la préhistoire et rédiger un long rapport avec plans et photos, études et analyses concernant nos pierres. Décidément, Carnières nous réserve bien des surprises !

A.M. MARRÉ-MULS.

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