Folx-les-Caves. A l’est du Brabant wallon, dans la commune d’Orp-Jauche.

Longtemps la bourgade a vécu au rythme de son monde souterrain, mystérieux. Ses grottes, creusées par l’homme, forment un labyrinthe de six hectares. Quand, pourquoi? Mystères.

Restent les histoires et légendes, portées par ces lieux.

Pendant la Terreur, pour échapper aux révolutionnaires, des religieux se sont réfugiés dans les galeries et y ont sculpté deux autels.

Elles ont encore servi d’abri, pendant les guerres, et notamment la seconde, où Orp-Jauche fut le cadre, le lundi 13 mai 1940, de la première bataille de chars de la seconde guerre mondiale.

Ce monde souterrain sera aussi le théâtre d’activités illicites, vraies ou fausses, et de légendes. Ainsi, les sorcières, les Makralles, y tiennent leurs réunions secrètes et s’y livrent à leurs danses maléfiques.

Plus joyeusement, ces grottes ont aussi servi de… salles de bal, à plusieurs périodes: tantôt éclairées à la bougie, ensuite à la lampe électrique. On y fit des manifestations artistiques.

Entre histoire et légende, il y a Colon: tous les premiers week-ends d’octobre, «la fiesse à Colon» célèbre encore sa mémoire.

Entre 1750 et 1769, Pierre Colon trouvait refuge dans les entrailles de Folx-les-Caves, chaque fois qu’il le devait. Sa maison était située juste au-dessus du dédale, et il y disparait en moins de temps qu’il faut pour le dire. C’est qu’en bandit de grand chemin, après avoir détroussé les marchands, et redistribué ses larcins aux plus pauvres, pourchassé par les gendarmes, le Robin-des-Bois wallon devait disparaître vivement et il réapparaissait avec la même facilité inquiétante. Mais l’histoire n’eut qu’un temps: arrêté et il est pendu en juillet 1769.

Plus récemment, ces grottes, scindées en deux parties, ont aussi servi aux activités économiques de la Région. Jusqu’à il n’y a guère, on parlait des caves “Bodart” et des caves “Racourt”, du nom de leur propriétaire. Selon Le Soir” du 5 août 1997, c’est en 1856 que Jean-Baptiste Gerondal, bourgmestre de Jaughe, rachète la partie basse des grottes à la comtesse Eugenie Vander Meer, fille du dernier seigneur de Jauche. Et en 1862, Gerondal inaugure une brasserie et une vinaigrerie, ainsi que, sans doute dans le bois voisin, là où coule la Petite Gette, un moulin à farine.

Louis Bodart rachètera le site en 1907. L’autre partie, c’est l’affaire de la famille Racourt.

Ces caves serviront aussi de champignonnière de 1886 à 1975. On y a aussi cultivé le chicon. Il se dit que l’activité était particulièrement fertile et qu’au plus beau de l’aventure, on y récoltait jusqu’à 200 kilos par jour, qu’on livrait à vélo, dans les hôtels et restaurants de Belgique. Les caves passaient alors pour un employeur qui comptait dans le village.

Une confrérie du champignon a même vu le jour en 1985 dans la localité et a créé une recette de petit champignon farci à base d’une duxelle de jambon blanc, de queues de champignons,

d’échalotes, de persil, d’ail et de chapelure.

Depuis 1993, ces grottes, au 35 rue Auguste Baccus, sont classées. Mais elles ne font plus que le bonheur de chauves-souris. Inaccessibles au public, les projets touristiques ont été abandonnés, en raison du risque d’éboulement.

Elles ont fait au passage le bonheur des amateurs d’urbex, le grand frisson de l’exploration urbaine, comme on pourra le voir ici.

Bernard Chateau,

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