Lundi dernier, la paroisse de Carnières était en liesse, à cause de l’inauguration de l’orgue dû à la munificence d’un de ses enfants, Maximilien Duvivier, aujourd’hui retiré à Bruxelles. Il est bon de dire ici, pour l’édification du lecteur, comment ce don presque princier est sorti spontanément du cœur d’un chrétien, à qui la capitale n’a pas fait oublier le clocher de son village. Entendant raconter par un ecclésiastique de ses amis comment sa paroisse avait été dotée d’un orgue par la généreuse libéralité d’une de ses paroissiennes, il prit soudain l’inspiration d’en faire autant pour sa paroisse natale. Le facteur Schyven, son voisin, fut mandé et le contrat réglé. Voilà comment la paroisse de Carnières s’est trouvée, sans coup férir, mise en possession d’un instrument magnifique, en tous points digne de la réputation des facteurs et en proportion parfaite avec l’étendue de son église, une des plus grandes du diocèse. La cérémonie de l’inauguration a commencé, comme de raison, par la bénédiction de l’orgue, suivie d’une messe solennelle d’action de grâces chantée en plain chant deux chœurs, et accompagnée selon toutes les règles de ce chant liturgique par M. Dedoncker, vicaire d’Antoing, lequel a déjà fait valoir les ressources de l’instrument, en exécutant artistement plusieurs morceaux de maîtres tels que Bach, Guilmant… L’intraitable modestie du donateur avait résisté à toutes les instances pour assister à la cérémonie; mais ce n’était pas une raison pour supprimer la reconnaissance, ni même son expression obligée. M. le doyen d’Antoing s’en est fait l’interprète au nom de la paroisse et du clergé, et en remerciant le bienfaiteur, il n’a pas oublié tous ceux qui avaient mis la main à cette œuvre de piété bien inspirée, des facteurs d’abord, M. Mahieu l’architecte de l’église, auteur plan du buffet, M. Pourbaix de Soignies, qui l’a exécuté avec un remarquable talent, et M. Kullman, de Morlanwelz, qui l’a décoré de peintures édifiantes. Car, fidèle au principe d’art qui proscrit toute feinte et tout mensogne architectural, on a eu soin de supprimer les tuyaux postiches dits de façade, pour les remplacer par les panneaux finement peints et sculptés avec art.

Après la messe, M. Rosoor, organiste de la cathédrale, a déployé avec son talent habituel, toutes les richesses de l’orgue dans une série de morceaux variés et du meilleur choix.

Extrait de : Semaine religieuse du diocèse de Tournai, 23e Année, n° 41, samedi 10 octobre 1891. Transmis par le Chanoine A MILET et M. le Chanoine R. Cambier.
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