Pour la bonne compréhension du texte, je dois faire un peu l’histoire du quartier de Waressaix. Celui-ci comprenait la rue de Trazegnies (rue Waressaix), la place de Waressaix, la rue du Ravet (rue du Houssu) jusqu’à la ferme Gochet, la rue du Moulin, la rue Neuve (rue Duvivier) jusqu’au salon Werquigninies (actuellement Nopri).

Ce quartier s’était attribué le nom de « Ville Libre de Waressaix ».

Il avait son mayeur, son conseil communal et son garde-champêtre, tous choisis par des élections menées très sérieusement; (cette partie de la vie locale fera l’objet d’un autre article). Le salon Merlot tenait lieu de « salle du Conseil Communal».

Carnières – Waressaix – source geneanet licence CC BY-NC-SA 2.0 FR DEED. jpeg

Une des grandes attractions du quartier était sans conteste, la kermesse annuelle qui se déroulait les premiers dimanche et lundi du mois d’août.

JOURNEE DU DIMANCHE.

L’avant-midi, Aimable Wasterlain, mayeur de Waressaix, se rendait au cimetière de Carnières, accompagné d’une délégation de la jeunesse; on y fleurissait les tombes des membres décédés.

Tout au début de l’après-midi, la jeunesse mesurait ses talents dans une lutte de jeu de balle se terminant vers les quinze heures, le ballodrome étant ensuite laissé aux équipes de professionnels ou d’amateurs pour disputer le grand prix de la kermesse. Pendant que se déroulait ce tournoi, un cortège formé suivant l’ordre suivant :

1. — le garde-champêtre en uniforme,
2. — enfants costumés,
3. — la bannière de l’association des commerçants,
4. — le conseil communal conduit par son mayeur en tenue d’apparat,
5. — les commerçants,
6. — la jeunesse,
7. -— la musique,
se rendait au monument aux morts de la guerre 1914-1918 au pied duquel le mayeur déposait une gerbe de fleurs, tandis que la musique jouait l’hymne national. Après la minute de recueillement, le cortège reprenait le chemin du retour, car la fanfare devait animer la fin de la partie de balle.

Le grand prix terminé, les flons-flons reprenaient de plus belle ; tous, commerçants, jeunes et vieux, prenaient plaisir à visiter tous les cafés (au nombre de 16), jusqu’à l’ouverture du bal populaire organisé sous les étoiles. Les musiciens installés sur le kiosque dressé en face de la boucherie Noël Rayez, soufflaient avec entrain dans leurs instruments ; les couples tournoyaient dans la joie la plus complète tandis qu’au son de l’accordéon ou du piano, on dansait aussi dans la plupart des cafés. Ailleurs, des chanteurs de charme ou des chanteurs comiques divertissaient les consommateurs par leurs romances ou par leurs blagues. Il va sans dire que ces divertissements rencontraient un immense succès et ne se terminaient qu’aux petites heures du matin.

JOURNEE DU LUNDI.

Pour les hommes, le jour faste était vraiment le lundi. Une des particularités des us et coutumes, voulait que les messieurs se réunissent le matin des « potron-minet» pour ne se séparer qu’à la nuit tombante.

Les festivités commençaient par un petit déjeuner pris en commun et composé de pain, de filets de harengs frais et de haricots, le tout arrosé par de nombreux verres de bière. Ensuite, avait lieu la partie de balle disputée entre eux et dotée de « la balle du Roi». A midi, tous se rendaient au son de l’accordéon, dans la salle du « Conseil Communal » où un plat chaud, préparé par la gent féminine, leur était servi.

L’après-midi, suivant une tradition bien de chez nous, se déroulaient les jeux de société : course de brouettes chargées d’une grosse boule de jeu de quille, courses au sac, etc… etc… Bientôt les lampions du kiosque s’allumaient pour éclairer le bal de clôture; polkas, valses, tangos se succédaient pour le plus grand plaisir des participants. Mais vite, trop vite, la nuit s’étirait sur ces deux jours de liesse, de joie franche et amicale, dont on garderait jalousement le souvenir en quelque coin de son cœur.

Pour les habitants du quartier, la kermesse était l’occasion de réunir leur famille autour d’un repas plantureux, de raviver certaines amitiés. Quant aux ménagères, pouvaient à cœur joie, déployer leur talent de cordon bleu, notamment dans la fabrication de nombreuses tartes.

A Waressaix, chaque porte était grandement ouverte aux parents et amis. Autour d’une table bien garnie, on s’asseyait avec plaisir, on devisait gaiement en dégustant les pâtisseries accompagnées de la traditionnelle tasse de café.

Tard dans la soirée, ivre de fatigue et de joie, chacun rentrait à la maison, se promettant bien de recommencer l’année suivante.

Un règlement intérieur régissait les festivités du lundi, en voici quelques points importants :
1. — Exactitude aux divers rendez-vous de la journée.
2. — Défense de parler pendant tout un laps de temps de la partie de balle du matin.
3. — Interdiction aux habitants des rues environnantes de traverser la place de Waressaix, à pied, à cheval ou en voiture.

Les manquements à ce règlement étaient sanctionnés par des amendes destinées à grossir la cagnotte constituée pour les frais du lundi, il va de soi que chacun s’acquittait de son dû avec le sourire.

Jules PHILIPPE

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