UN PEU D’HISTOIRE

Il n’y avait guère, jusqu’avant 1890, de classement rigide pour cloisonner les catégories. Toutes les parties étaient pour ainsi dire sur le même pied.

Chaque commune organisait un grand concours annuel pour lequel s’inscrivaient parfois jusque 64 équipes. Les péripéties d’un de ces tournois duraient toute la saison. Les gagnants emportaient comme prix: un couvert en argent, une garniture de cheminée ou un réveil matin.

La plus belle récompense des vainqueurs était la gloire qu’ils offraient à leur village Car l’esprit de clocher était la loi première du jeu de balle et les joueurs d’une même équipe étaient toujours des concitoyens. Faut-il dire que lorsque ceux-ci s’en allaient livrer bataille hors de leurs murs, ils étaient escortés par tout ce que la localité comptait d’hommes valides.

En 1900, le temps du règne de l’esprit de clocher étant révolu, on entra dans l’ère des coalitions et les cloisons s’établirent bien étanches entre les catégories parmi les équipes de jeu de balle au gant: 1, 2™*, 3me et demi-dure; les deux premières, seules, se servaient du tamis.

En 1901, notre concitoyen Léon Fricoux évoluait dans l’équipe première de Jumet (Francq).

La demi-dure fut implantée à Jumet dès 1903, où Lucien Sanglier, de Morlanwelz, s’aligna plusieurs fois ainsi que Druon Vandezande, de Carnières.

Druon Vandezande, qui devint un grand joueur, fut découvert par Hector Mathieu et celui-ci l’embrigada dans son équipe en 1897 d’où il passa ensuite à Trazegnies.

Voici le récit de la lutte mémorable qui mit aux prises, à Jumet-Gohissart, les débutants de Carnières: Emile MAGNIES (Grimpiot), son frère Léon-Achille, Oscar CASTE-LAIN et Léon FRICOUX; d’autre part, les tout puissants joueurs de Morlanwelz: Floris FOULARD, Henri LEBACQ, Octave HAYE, Jef CLAESSEN et le célèbre Vital FIERIN (le Gaucher).

Ces cinq champions, sûrs de leur fait, avaient, par gasconnade, négligé de verser le cautionnement d’usage.

Carnières assomma proprement cette équipe de rois, réputés pourtant imbattables ; à croire, révérence parler, qu’ils avaient les pieds nickelés.

Ce fut un quart d’heure de Rabelais, une folle panique dans le camp de Morlanwelz. Cette lutte fut jouée un samedi. Il n’y eut, en tout et pour tout, que trois chasses sur les 17 jeux de la partie ! Et Carnières battit Morlanwelz par 13 jeux à 4.

Ce récit a été relaté dans les souvenirs d’Achille Castelain qui a fait, à maintes reprises, partie de la Société Royale du Jeu de Balle à Carnières pendant les années allant de 1895 à 1914.

J. P., Feuillets n° 5, janvier 1974


Accueil » JEU DE PETITE BALLE AU TAMIS