Tout le monde connaît le dicton « A la Chandeleur, l’hiver se perd ou prend vigueur »…
On prépare des crêpes, on a l’impression que le printemps arrive…

Cette fête de la Chandeleur a des origines lointaines qui se trouvent dans les cultes antéchrétiens de l’ancienne Rome et de la Gaule.
A Rome, pendant l’Antiquité, le mois de février était réservé aux purifications. Le 15° du mois on organisait des cérémonies officielles qu’on nommait les « Lupercales» et qui étaient un hommage rendu au principe universel de la fécondité ; les officiants allaient dans les rues, armés de lanières en cuir et frappaient tous ceux qu’ils rencontraient, en signe de purification.
A l’époque celte, les populations s’adonnaient à un rite semblable, purifiant entre autres, les habitations. Un repas était préparé à cette occasion et après celui-ci, on allumait un grand feu et des bougies. On confectionnait une poupée de paille recouverte d’un manteau afin de la placer devant les maisons et de lui donner des vertus guérisseuses.
Les Celtes étaient d’ailleurs très superstitieux et fabriquaient des grandes croix de paille afin de les placer devant les maisons dans le but de protéger les habitations durant une année.

Pour les Chrétiens, la Chandeleur est une des plus anciennes fêtes de l’Eglise qui 4° siècle.
Au 5° siècle, le pape Gélase I° (492-496) institue une procession des Lumières c’est-à-dire, des cierges ou chandelles, en souvenir de la parole du vieillard Siméon au temple : « Seigneur, laisse maintenant s’en aller en paix ton serviteur, car mes yeux ont vu la Lumière qui doit éclairer les nations ».
Célébrée 40 jours après Noël, la Chandeleur marque aussi l’anniversaire de la Purification de la Vierge, c’est-à-dire ses « relevailles » ; cette fête a été instituée au 6° siècle par Grégoire le Grand.

La Chandeleur est essentiellement la fête de la Lumière et dès lors, les cierges ont joué et jouent encore un rôle important dans les croyances et superstitions pop-ulaires. Ils seront bénis dès le 12° siècle, tout comme les chandelles ou les com-pécias dans le pays de Liège, c’est-à-dire des « rats de cave » ou fines bougies façonnées en spirales ou en svastikas (1) qu’on collait ordinairement sur le manteau de la cheminée pour protéger le foyer.
Il est clair que les cierges bénits à l’église ont une plus grande valeur, c’est-à-dire un grand pouvoir protecteur, par exemple contre la foudre, les incendies ou la grêle. S’ils sont allumés dans les étables, les cierges bénits préservent le bétail contre les maladies et les mauvais sorts. Allumés près d’un malade, ils chassaient l’esprit des ténèbres, écartaient les frissons, les délires et la gangrène ou « mal Notre-Dame ».
On les utilisait aussi lors d’une naissance ou d’un décès. Le cierge bénit accompagnait la bénédiction paternelle des « premiers communiants» et les époux avant leur départ pour aller recevoir le sacrement.
Les chrétiens faisaient leurs prières devant le cierge allumé et lors des Rogations, on en plantait aux champs.
Parfois même, les cierges bénits servaient à sanctifier diverses pratiques magiques.

La Chandeleur est une date importante dans la météorologie populaire : les vignerons belges considéraient ce jour comme décisif pour la vigne : ils étaient contents s’il était clair, mais très tristes dans le cas contraire (Reinsberg).
Mais le jour de la Chandeleur est aussi le présage de la longueur de l’hiver car s’il y a du soleil le 2 février c’est que le dégel n’est pas amorcé et que l’hiver sera encore long !
Si la Chandeleur est la fête de la lumière, elle est aussi celle du renouveau car après le 2 février, les jours rallongent encore plus, la température augmente et le printemps se fait sentir.

Dans la tradition profane, la Chandeleur est le premier jour des mascarades qui annoncent le mardi-gras. On prépare le Carnaval car l’hiver est toujours trop long et les gens n’ont qu’une envie, revoir le soleil et en finir avec la froidure.

Outre les cierges et les chandelles, la Chandeleur est par excellence, le jour des crêpes. Elles symboliseraient le soleil de plus en plus présent puisque les jours allongent.

C’est un plat peu onéreux qu’on prépare pour conjurer le mauvais sort, pour demander de bonnes récoltes et chasser les famines.
En faisant des crêpes, on montre son désir de manger à sa faim toute une année.
En consommer en grand nombre apporte bonheur et richesse. Aujourd’hui encore, une tradition ancienne veut qu’on fasse sauter la crêpe dans la poêle d’une main, en tenant dans l’autre nain, un…euro ! On s’assure alors richesse et prospérité.
Si la crépe se retourne correctement, sans tomber hors de la poêle, le souhait qu’on a énoncé sera exaucé.
Les anciens avaient pour habitude de lancer la première crêpe sur le haut d’une armoire et l’y laisser toute l’année était signe d’argent.

A la Chandeleur, on dit aussi que « les femmes sont maîtres » ! Sic…

Il y aurait encore beaucoup à écrire sur cette belle fête qu’on ne doit absolument pas oublier.
Et puis, les crêpes, c’est tellement bon !

A.M.Marré-Muls

(1) Croix gammées

T’ chand’lé

Toute une série de dictons et de proverbes concernant la Chandeleur fleurissent dans toutes les régions de Belgique
Nous avons choisi les plus courants de notre région, le Centre :


Au Tchand’lé, quand I’solêy lût su lès tchandêyes, c’est co pou chis s’mènes d’iviér ;
Au Tchand’lé, si I’solêy lût su l’auté, (autel), c’èst co pous chis s’mènes dè djèléye: dictons qui veulent dire que s’il y a du soleil à la Chandeleur, c’est que l’hiver n’est pas fini.

Quand on vwat ‘ne goute al ronche au Tchand’lé, c’èst sine d’abondance: s’il y a à la Chandeleur une goutte d’eau sur les ronces, c’est signe d’abondance!

Au lchand’lé, c’ès’t-à tout daler: à partir de ia Chandeleur, on voit bien que les jours rallongent.

Tchand’lé d’ayér,el berdji s’fout d’l’iviér : car le froid disparaît après la Chandeleur.

Au Tchand’lé, les femes sont mésses ; èles font des rèstons : les femmes sont maîtres, elles font des crêpes.

Lily FAES

COLSON O., La Chandeleur, dans Invitation au Folklore, n° 59, 4° trimestre 2000, p.25.26.
DASCOTTE Robert, Religion el Traditious populaires dans la région du Centre, Volumes I et II.
DEPRETRE. Plori, Mechon de 1400 rehus de la région du Centre, La Louvière, s.d.,p. 12.
DEWIER Alain, A la découverte de la Chandeleur, s.l.,s.d.
LEMPEREUR Françoise, Du Doudou au Remoudou. Arts et Traditions populaire de Wallonie,

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