Dans ses notes pour servir à l’histoire du bourg de Carnières-sur-Haine sous la date de 1783, voici textuellement comment Gonzales Descamps (1852-1919) décrivait ce petit ensemble monumental.

« C’est la date d’érection d’une petite chapelle dédiée à saint Adrien, et placée non loin de la ferme du Viernoy, au croisement des chemins de Fontaine et de Carnières à Anderlues, à un mètre environ de la borne séparative des communes de Carnières. Anderlues et Piéton (elle porte sur trois de ses faces les lettres A.P.C.).

Sur le socle de cette chapelette, on lit l’inscription suivante :

J.J. DEMEULDRE
M.C. BROMILLE
Son épouse m’ont
fait ériger à la gloire de Dieu
Et Saint Adrien
Priez pour nous
1783

Ce J.J. Demeuldre était fermier au Viernoy; qui passa ensuite aux Duvivier. Près re la chapelle décrite ci-dessus sur le tertre qui la supporte, on trouve un autre monument se rapportant à un membre de cette dernière famille, également fermier du Viernoy. C’est une croix en pierre bleue sur laquelle on lit :

D.O.M.
A
Quelques pas
d’ici est mort
subitement Jean-Joseph Duvivier
fermier du Vieu-Renois le 4 janvier 1853
âgé de 60 ans.
Passants
sa famille éplorée l
e recommande
à vos prières.
R.I.P.

Ce lieu fut de mon temps témoin d’une autre mort. Durant un hiver rigoureux, dans un charbonnage, le verglas épouvantable s’accumula sur les moulettes du puits de descente des ouvriers et fit sauter hors le câble sur lesquelles il s’enroulait. Une douzaine d’ouvriers furent précipités dans le puits où ils trouvèrent la mort. Le père de l’une des victimes partit de sa demeure (Carnières, je crois) pour aller reconnaître son fils. Fut-ce l’effet de certaines libations ou le froid, il tomba à cette place, la glace ne lui permit pas de se relever. Un peu plus tard, des passants le trouvèrent inanimé. »

Le vieillissement de ces stèles, les intempéries, le manque d’entretien, la folie iconoclaste de certains vandales marginaux (… le dernier fait datant de 1960-61, consistant au sciage pur et simple d’un des deux sapins ombrageant ce lieu), la bataille de Collar-mont en 1914, la construction de l’avenue de France en 1932, avaient fait de ce petit ensemble monumental, un triste amas épars de pierres brisées, renversées, abandonnées au milieu d’herbes folles envahissantes et sauvages, sur l’accotement non entretenu d’une route communale, à l’arrêt Timonpréa de la ligne des trams 30-31. Tristes lieux.

En ce début décembre 1979, nous avons été agréablement surpris de voir la remise sur pied du socle de la chapelle Saint-Adrien portant l’inscription décrite par Gonzales Descamps, sauf la date de 1783, non reconstituable avec les débris retrouvés sur place.

Réérigée telle quelle à l’angle de l’avenue de France et de la route d’Anderlues, sur un accotement élargi, protégé par des graviers rouges, à l’ombre du sapin vigoureux. Cette reconstitution donne plus de chaleur à cette entrée Sud de notre commune et la rend beaucoup plus accueillante !

Tous nos remerciements et curtout nos félicitations aux ouvriers et responsables des services voyers communaux qui ont pu réussir une restauration aussi convenable… Ils ont fait le maximum avec le peu d’éléments retrouvés in situ.

Je profite de cette occasion pour lancer un nouvel appel aux autorités locales et autres, pour que dans le cadre de la protection du patrimoine, nos vieilles pierres reçoivent l’entretien qui leur est nécessaire et que les multiples piedsentes et sentiers communaux, toujours repris aux plans cadastraux, soient tenus en bon état et ne subissent plus des fermetures inutiles et définitives au gré de l’intérêt de certains riverains trop impulsifs.

L’entretien de ces sentiers, dont l’inventaire a été remis au Collège communal et à Monsieur le Commissaire Voyer, par l’intermédiaire du secrétariat du C.R.E.C.C., est certainement souhaité par nos nombreux amis écologistes et nos marcheurs endurcis.


Dr Albert MARRÉ.

Accueil » LA CHAPELLE SAINT ADRIEN A TIMOMPREA