Située au centre de la commune, sur la Place, l’actuelle Maison Communale date de 1838.

Mais, dès le XIVe siècle, Carnières eut une organisation communale : l’échevinage, composé d’un mayeur et de sept échevins nommés par le seigneur.

Les assemblées se tenaient un peu partout, très souvent chez le mayeur, mais aussi dans un cabaret ou dans la demeure d’un des gens de loi. Au XVIlle siècle, on se réunissait le plus souvent dans la demeure de J.F. Baudoux, située au bas de la Vieille Eglise, à côté de la maison de Pierre Bougard-Dartevelle. Cette demeure longtemps en ruine, n’a disparu que vers 1850. Au-dessus de la porte on lisait l’inscription : J.F.B. 1754

On cite encore comme ayant abrité la loi communale, avant la construction de la maison communale, la demeure du vicaire, située derrière l’ancienne église et la maison habitée par un homme dont le sobriquet était le Prince, à proximité du cimetière.

Au vu de tout ce qui précède, on peut tirer deux conclusions : d’abord, que le centre du village était situé à Collarmont, autour de la Vieille Eglise et d’autre part qu’il est intéressant de savoir, qu’en 1424 il y avait 275 habitants à Carnières, contre 1975 en 1830. Voici d’ailleurs l’évolution démographique (1) :
1424 : 275 habitants
1486 : 400
1539 500
1740 : 570
1802 1.295
1830 : 1.975
1855 : 3.107
1866 : 4.197
1901 : 7.440
1975 : 8.175

Mais laissons aussi parler Gonzales Decamps :

1837 : « Construction de la maison communale de Carnières, au milieu de la Place du Sablon ou Place actuelle. Son emplacement au commencement du XIXe siècle, était une sorte de terrain vague, plus bas que les terrains environnants, planté d’arbustes et d’épines, où les gamins s’amusaient à faire des glissoires de bas en haut. C’est en ce lieu que fut fondue la cloche qui, du clocher ce l’ancienne église a été replacée dans la tour de la nouvelle.

On peut se demander si ce fond n’appartenait pas jadis aux ouvrages de la forteresse ou castia qui se trouvait jadis en face.

La maison communale actuelle a été adjugée à MM. Roland, maçon et Prévôt, charpentier, qui y perdirent. Il y aurait eu aussi M. Joly de Mont-Sainte-Aldegonde. Les ouvrages de ferrures de tout genre furent exécutés par Jean-Joseph Decamps qui sous-traitait et qui eut bien du mal d’être payé.

Ce bâtiment n’a rien de bien remarquable que sa solidité : c’est de l’architecture de caserne ou de maison quelconque. Il y a un rez-de-chaussée et deux étages percés de fenêtres en plein cintre, excepté le deuxième étage qui possède des fenêtres carrées plus petites. La porte en pierres de taille est placée en plein milieu de la façade et est surmontée d’un balcon. Deux portes latérales avec perrons en briques servaient, celle de droite à pénétrer dans le logement du garde-champêtre accompagné d’une cave servant de prison; celle de gauche donnait accès à une classe d’école qui plus tard fut dédoublée; une chambre de l’étage servit à l’instituteur.

J’ai été à l’école dans cette classe du bas et je m’y suis trouvé à côté de 60 à 80 gamins et gamines car, en 1857, on y recevait encore des filles. Ce qu’on était pressé dans ce local absolument trop exigu! »

En 1878, sur l’arrière de la maison communale, jardin de l’instituteur et terrain planté de peupliers qui le suivait, on a construit une belle école de garçons avec un préau et l’on bâtit un peu à l’arrière, une maison en style néo-flamand pour l’instituteur en chef.

L’école fut démolie lors de la construction de l’actuelle école provinciale cons- truite vers 1952.

Vers 1935, la maison communale, intérieurement du moins, subit une complète transformation. Le préau fut converti en une salle de fêtes : des escaliers donnèrent accès aux étages et les différentes salles furent modernisées.

La construction de nouvelles écoles permit ainsi d’affecter les locaux disponibles à divers services publics. Il n’y a plus qu’une partie des arrière-bâtiments qui soit encore réservée à l’enseignement, ce sont les classes où se donne l’enseignement ménager. La salle principale de l’Hôtel communal est ornée de nombreuses toiles qui sont l’œuvre d’Alexandre-Louis Martin, un artiste-peintre né à Carnières en 1887 et excellent portraitiste.

En date du 22 décembre 1936, par décision du Conseil Communal, ladite salle, servant aux mariages et aux séances du Conseil, sera appelée salle A.-L. Martin. Enrichie d’une collection choisie d’œuvres de l’artiste, elle est devenue un véritable musée dont l’inauguration a eu lieu le 3 juillet 1938.

Depuis la fusion des communes, en 1977, l’Hôtel Communal est plus spécialement occupé par les services du CPAS. Le Musée Alexandre-Louis Martin y a toujours son siège et dans la maison de l’instituteur en chef qui fut longtemps le bureau de police de Carnières, un autre musée s’est installé : le Musée de la Haute Haine, consacré a l’histoire locale.

A.M. MARRE-MULS.


(1) Albert Marré, Maisons et populations Carniéroises, depuis le XVe siècle à ce jour ; dans Feuillets Carniérois, no 16, novembre 1976.

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