Le mot « cadastre » est issu du grec katastrikton.

En France, c’est Charles VII (1403-1461), roi de France de 1422 à 1461 qui fit établir le premier, un « cadastre général de France ».

On le retrouve dans la langue provençale dès 1527.

Dès le 18ème siècle, le cadastre est un registre public définissant dans chaque commune, la surface et la valeur des biens-fonds et servant de base à l’assiette de l’impôt foncier.

De nos jours, c’est l’ensemble des documents sur lesquels sont enregistrés le découpage d’un territoire en propriétés et en cultures ainsi que le nom des propriétaires des différentes parcelles. Le cadastre d’une commune est constitué d’un plan parcellaire, un tableau indicatif et une matrice cadastrale. Mais les données du plan et les renseignements apparaissant dans les tableaux et les matrices cadastrales, sont des indications relevées à un moment précis et elles ne sont, dès lors, pas susceptibles de nous éclairer sur l’historique, c’est-à-dire sur les situations primitive et successives des parcelles, par exemple, sur la date des constructions ou sur les noms des propriétaires précédents. Il faut donc, pour ce faire, recourir aux documents antérieurs qui se trouvent dans les archives de l’administration du cadastre, et encore…
Nous terminons ce paragraphe en disant que le mot « cadastre» désigne aussi actuellement l’administration qui a la charge d’eta-blir et de conserver les documents relatifs au cadastre.

Avant d’arriver aux plans cadastraux, il a fallu bien sûr, passer par les plans, tout simplement.
Les premières cartes valables ont été dressées chez nous par le mathématicien et géographe flamand Gerhard KREMER (Rupel-monde 1512-Duisburg 1594), dit MERCATOR.

Il réalisa à la demande de Charles-Quint, en 1541, deux globes céleste et terrestre et de nombreuses cartes dont celle de la Flandre en 1540. Fondateur de la géographie mathématique moderne et père de la projection (représentation plane de la surface terrestre), il fut donc un pionnier en la matière, et sa célébrité lui vint surtout de la Carte du Monde à l’usage des navigateurs gravée en 1569 d’après une projection connue sous le nom de projection de Mercator. Malgré l’inconvénient majeur de cette projection, la distorsion rendant impossible la représentation des pôles- que les glaces rendent non navigables, elles est restée populaire jusqu’à nos jours.

Autre topographe renommé, le général comte Joseph de FER-RARIS (1726-1814) dont les Mémoires historiques, chronologiques et economiques relatifs aux 275 feuillets formant la Carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens, comportent 12 volumes et 4000 pages. La première page date de 1771. L’ouvrage a été terminé en 1780 et comprend aussi le grand Duché de Luxembourg.
C’est d’après la carte de Ferraris que furent établies les limites des départements et cantons belges sous l’époque française, dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui.

Citons encore le géographe Philippe VANDERMAELEN (Bruxelles 1795-1869). Autodidacte attiré par la géographie, il quitta la savonnerie paternelle et opta pour la cartographie. Il publia en 1827 un Atlas universel de près de 4.000 pages grâce au procédé lithographique récemment inventé par SENEFELDER. En 1830, il fonda l’Etablissement géographique de Bruxelles qui comprend des ateliers, une bibliothèque, une mappothèque, une salle de conférences et un jardin botanique. On lui doit aussi une carte topographique de la Belgique au 80.000°, une au 20.000 à partir du cadastre et un dictionnaire géographique des provinces belges.

Quelques mots enfin, sur Philippe-Christian POPP (Utrecht 1805-Bruges 1869). Ancien contrôleur du cadastre, il n’a jamais travaillé sur le terrain. Ses travaux ont pour base les plans dressés par les fonctionnaires de cette administration.
C’est vers 1852, que Popp commença l’édition de son Atlas cadastral de la Belgique (la partie relative à Carnières date de 1858 environ). C’est un décret impérial de l’empereur Napoléon (nous sommes français à cette époque !) qui est à l’origine des plans et documents – bien évidemment mis à jour — que nous connaissons aujourd’hui.

Lorsque nous passons sous le régime hollandais, le 20 septembre 1814, le gouvernement de La Haye prend un Arrêté ordonnant le rétablissement et la continuation du cadastre dans la Belgique.

Signalons qu’à Carnières, on trouve un plan cadastral daté de… 1843 !

De nos jours, tous ces anciens plans qui ont contribué à l’élaboration de notre cadastre restent la base de nos plans actuels. Mais que de chemin parcouru !

A.M.Marré-Muls


(1) Cet article est essentiellement basé sur celui intitulé : « Opérations cadastrales à Lessines sous la période hollandaise » par Raymond Duhaut, dans Bulletin de l’entite lessinoise, n° 124, p. 2-22.

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