FONDATION

Qui se souvient de ce cercle dramatique de Carnières-Trieux qui a connu une grande renommée pendant de nombreuses années ?

En 1891, quelques commerçants du quartier de Tout-Vent, réunis au café tenu par Jules François (dit Mathy) ont suggéré à celui-ci de construire une salle sur le ter-rain, à l’arrière de son café, pour y donner des représentations théâtrales.

Le Cercle Talma venait de naître. Ils ont choisi ce nom « Talma » en mémoire du grand tragédien français né à Paris en 1763 et y décédé en 1826. François Joseph Talma, acteur préféré de Napoléon 1ª, était soucieux de vérité historique dans les costumes et les décors et rendit aussi la diction plus naturelle (2).

Parmi les fondateurs du Cercle, on note les noms de : Auguste Houtrelle, Arille Martin, Léopold Fumière et Romain Coche, coiffeur, qui fut pendant longtemps le grimeur de service. Il y avait aussi, Désiré Benis, Zulmart Navez, Pierre Grosjean, Gustave Dumont, Joseph Schmidt, Hector Brux, Victor Baudoux et Léon Herman.

D’autres membres sont venus épauler ces premiers fondateurs et notamment Georges Grégoire, les frères Fronville, les frères Renotte, Victor Chateau, Joseph Populaire, Charles Franca, Léopold Benis, Léon Tison, Arthur Tison, Franz Desenfans, Valère François, Arsène Gilbert, Omer Boulvin etc… Désigné comme régisseur, le morlanwelzien Victor Rombeaux permit au Cercle de présenter son premier spectacle le deuxième dimanche de novembre 1891 : « Le facteur ou la Justice des Hommes ». Ce jour-là, ce fut l’inauguration du Salon. Notons que les répétitions se firent au café du Pont d’Arcole, rue Solvay. Malgré les travaux rapidement menés, la salle ne fut disponible que le jour même de la soirée.

Cette représentation donna le signal d’une grande envolée avec les drames très en vogue: « Don César de Bazan », « La voleuse d’enfant », « La Porteuse de pain ».

En 1894, la grande revue de « Carnières vainqueur » remporte un immense succès.

La même année, Jules Tison, instituteur en chef, succède à Victor Rombeaux comme régisseur et fait interpréter « Sabre au clair », « Le Régiment »… La régie est confiée en 1912 à Séraphin Hubin, jeune instituteur (3), et le Conseil appelle Abel Dumont au poste de président. Sous leur impulsion, des drames plus connus sont mis à l’affiche : « Mignon », « L’Arlésienne », « La Griffe »…

LA GUERRE 1914-1918

La première guerre mondiale mit un frein à l’ardeur du Cercle. Durant la tour-mente, le Cercle prit le nom de « Art et Charité ». Sous cette dénomination, le Cercle fut autorisé à interpréter de nombreuses pièces au profit du « Colis du Soldat ».

Après la guerre, en 1919, le Cercle prend un nouvel essor sous la présidence de Lucien Fricoux, fonction qu’il assumera pendant 42 ans, jusqu’en 1961. Jusqu’en 1940, l’activité du Cercle ne ralentit pas grâce au dévouement de Séraphin Hubin, Valère François, Romain Coche, Aimable Wasterlain, Lucien Wasterlain, Léonce Willame, Victor Château, Léon Chateau, Gilbert Renotte, Georges Renotte, Arthur Borzée, Lucien Gosse, René Malfroid, Jules Henne, Léon Fontaine, Maurice Fumière, Léon Dumont, Victor Baudoux, Paul Masy, Fernand Radelet, Arthur Staumont… Grâce à une gestion financière saine, le Cercle peut faire appel à des acteurs chevronnés, masculins ou féminins, sociétaires des théâtres de Bruxelles, pour tenir les premiers rôles et épauler efficacement les amateurs carniérois. Le public put alors apprécier des pièces en vogue telles « Les Oberlés », « Le Flibustier » (joué le 12 novembre 1933), « Simone » (joué le 11 novembre 1934) et « L’Inconnu » (joué le 14 novembre 1937).

LA GUERRE ET L’APRES-GUERRE 1940-1945

Contrairement à 1914-1918, les autorités allemandes interdirent toute activité théâtrale.

Comme les cadres ne se renouvelaient pas, le Cercle dut, après la Libération, se limiter à organiser les bals traditionnels du Mardi-Gras et du Réveillon de Noël. Quelques pièces furent malgré tout interprétées et notamment « Le Sang Français », « La Tosca », « Les Deux Orphelines » et la grande Revue d’Herman Vandendries, retraçant tous les événements des années de guerre, qui a connu un très grand succès.

Toues ces pièces dramatiques parsemées de scènes émotives ébranlaient parfois les cœurs sensibles. Aussi, afin de dérider l’assistance, une pièce humoristique, en wallon, genre de vaudeville en 1 acte, était proposée pour terminer ces soirées théâtrales.

Mais le Cercle Talma commença à ne plus satisfaire le public attiré par d’autres loisirs. Le Cercle devait fêter en 1961, son 75ème anniversaire ; le sort en a voulu autrement.

En fait, depuis la 2° guerre, au début des années 1950, une autre Société théâtrale fut créée au Salon Mathy, « Art et Gaité », sous la présidence de Jean Gillard. Arthur Staumont de Morlanwelz, fut le premier régisseur, remplacé par Lucien Wasterlain.

En janvier 1961, l’Assemblée Générale se prononce pour la dissolution du Cercle Talma. Le samedi 8 juillet 1961, à l’initiative d’Adhémar Muller et de Roger Chateau, les membres se réunissent chez « Mathy » pour sceller, dans une cérémonie d’hommage, le glorieux passé du Cercle Talma qui disparaissait de la vie associative carniéroise.

Malgré leur amertume de devoir cesser toute activité, les sociétaires se déclaraient satisfaits d’avoir procuré pendant 70 ans, des heures de détente aux amateurs de théâtre populaire.

Jean Henne

(2) Petit Larousse Illustré, 1993, p. 1701.

(3) Nommé sous-instituteur à l’école communale des garçons aux Trieux, au Conseil Communal du 27 décembre 1909.

Article réalisé d’après le Journal Indépendance du 12 juillet 1961 et remanié par A.M.Marré-Muls et Andréa Bughin-Wargnies, co-fondatrice du Cercle Art et Gaité.

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