Parmi les métiers « oubliés » il y a celui de facteur, difficile mais populaire.
Le facteur est celui qui, quotidiennement porte le courrier dans toutes les maisons, au cours de sa tournée.
Pour certains, l’Histoire de la Poste commence en Perse, 500 ans Av. J.C. où le roi Cyrus avait installé des relais de chevaux sur les routes de son vaste empire.
N’oublions pas l’origine du mot « postes » emprunté à l’italien posta qui désignait la place réservée dans l’écurie d’un relais, à chaque cheval posté et assurant le transport du courrier.
En Égypte, le service postal se faisait à pied, parfois sur de longues distances et essentiellement destiné au pharaon et à son ministre des Finances comme le prouve un papyrus datant de 255 Av. J.C.
Mais le premier service postal bien organisé est celui de Rome, à l’époque d’Au-guste, au le siècle Av. J.C. Cela s’appelait le cursus publicus et c’était un réseau de relais et d’hôtelleries qui permettait d’acheminer rapidement le courrier.
Pendant les invasions barbares et le Moyen Age, il n’y eut pas de postes.
Au 11e siècle, les messagers se déplaçaient à pied et le roi (un Capétien) eut alors l’idée de s’inspirer du cursus publicus romain pour créer un corps de « chevaliers de l’écurie du roi»: un corps de coursiers à cheval.
En fait, aux 11° et 12° siècles, il existait alors plusieurs messageries particulières pour les grands du royaume, les villes, les communautés religieuses ou les universités.
Fin 13e siècle, Omedeo TASSO (1), un italien de Bergame crée et dirige un service postal qui va inspirer la France, s’implanter en Autriche et de là, fin 15e siècle s’installer aux Pays-Bas, autrichiens à cette époque.
Pendant 355 ans, ils vont garder le monopole postal en Espagne, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Hongrie, aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg.
Le courrier était acheminé grâce à des chevaux mais fréquemment distribué par des messagers: souvent des domestiques ou des enfants interpellés dans la rue et rétribués à l’occasion.
Ce n’est qu’en 1758, qu’un philanthrope parisien, PIARRON DE CHAMOUSSET, réorganise le service de collecte et de distribution du courrier urbain. Il met en place un corps de 200 facteurs reconnaissables à leur costume (habit noir et sabre de côté) et qui annoncent leur passage au moyen d’un claquoir.
En 1780, ce service est intégré à la Grande Poste créée dès 1672, par LOUVOIS, un ministre de Louis XIV.
A la Révolution Française, les postes sont mises en régie et administrées directement par l’Etat : c’est l’époque où on voit apparaître les « malle-poste» qui transportaient le courrier mais aussi des voyageurs.
Le chemin de fer va remplacer les chevaux.
Mais c’est surtout au 19e siècle, dès 1830, que les facteurs sont de plus en plus nombreux.
Ils vont même dans les campagnes jusqu’ici négligées. Leur costume va d’ailleurs s’adapter : pendant l’été, le facteur portait un pantalon de toile bleue et un sarreau; un chapeau de paille le protégeait. Mais l’hiver, le facteur était vêtu d’un gros manteau, il portait des guêtres et le képi réglementaire avec une bande dorée, orné d’un écusson aux couleurs nationales.
Ces hommes se déplaçaient à pied, même dans les campagnes les plus isolées et pour cela, leur sabre assez encombrant fut remplacé par une canne munie de deux dents afin de se défendre contre les chiens ou les vipères (2)
Il est évident que l’apparition du facteur ne repose pas sur une seule date et c’est progressivement, dans le temps, que ce métier s’est forgé.
Le terme « facteur » vient du latin facere (= faire) et apparaît au milieu du 17e siècle.
L’accroissement du travail du facteur est indissociable des progrès de l’alphabétisation et de la croissance économique.
Son travail tenait du sacerdoce !
Le facteur était très populaire. Il était souvent attendu avec impatience car c’était parfois la seule personne que des isolés rencontraient. Il payait les Fig. 3 pensions, vendait des timbres, le fameux calendrier de la Poste ou même des obligations et autres placements bancaires. Souvent ser-viable, il était fréquemment sollicité pour bien des tâches mais il était aussi très bien reçu : boissons, douceurs, « dringuées »…
C’est le personnage du facteur qui a suscité la pratique des étrennes en fin d’année.
Hélas, dès 1991, des réformes sont appliquées pour lutter entre autres contre les nombreuses agressions des facteurs qui transportaient de l’argent.
En 2010, la Poste devient Bpost, un organisme purement commercial ! L’objectif n’est plus de rendre service mais d’être rentable au détriment du rôle social…
A.M.Marré-Muls
(1) Il s’agit de la famille TASSO qui prendra le nom de THURN UND TAXIS (Tour et Taxis) au 17° siècle
(2) Tous ces objets, canne, sac, chapeau de paille, képi…. sont visibles au Musée de la Haute Haine de Carnières, Place de Carnières,