Un anniversaire qui étonne.
Dans un mariage, ce sont des noces de perle.
Et qu’est-ce que la relation entre une émission et son public? Si ce n’est un mariage…, éphémère….ou qui dure. En tout cas, une rencontre, heureuse, le temps qu’elle dure. Et que demander de plus?

Que dire ce mariage?

Alors, le regretté Jean-Louis Stalport allait s’asseoir dans le bureau que Robert Stéphane avait quitté. Et Philippe Dasnoy allait quitter la direction de la Radio qu’il laisserait à l’ancien directeur du Centre de Namur, lequel prendrait ainsi du galon: Etienne Sevrin. Claude Delacroix dira de lui, dans une interview au Soir, que son “fan-club tenait dans une cabine téléphonique”. Il n’avait pas tort. Qui plus est, Directeur de la Radio, il voulait rester Directeur du Centre de Production de Namur, auquel il était viscéralement attaché, dans la foulée de son expérience lotharingienne, et être le directeur de Radio 21, en raison de l’ADN de cette radio, assez nouvelle encore, souple, prospective et tournée vers l’avenir et un public jeune. Bref un pied dans la Grande Histoire, et un pied dans le futur. Le grand écart. Et toute la radio au milieu.

Tous ces mouvements participaient en réalité d’un plan, qui ne serait pas le seul, destiné à remettre les finances d’aplomb. On parlait alors de plan “Horizon”…

Il se fit que dans cette histoire, la direction de Radio 21 m’incomba: Claude Delacroix, toujours en quête d’initiatives nouvelles, et de défis nouveaux, dans un faux détachement qui est sa marque de fabrique, prendrait la Direction du Centre de Bruxelles.

Mais il se fait que cette radio, outre ce qu’on a dit plus haut, et le souci de la rentabilité de sa marque, qui était forte, était alors traversée, en interne, de courants divers, pour ne pas dire antagonistes.

Il y avait les tenants de l’ADN de Radio 21: l’air du temps, comme la contemporanéité, sans excès mais qui savait rassurer en étant ce qu’il fallait dans le résurrectionnisme, avec les “vieux machins” que célébrait Christine Goor. Cela faisait son succès de départ.

Il y avait aussi chez certains la course à la nouveauté musicale pour la nouveauté, qui n’était pas forcément gage d’audibilité, ni – a fortiori – de rencontre avec le public. Ils prenaient pour référence Radio Nova, qui n’était qu’une danseuse, nouvelle manière, d’une belle fortune, dont il était question dans quelques clubs à la mode parisiens, qui ont du fermer depuis. Mais ils ne s’en souciaient pas. Il s’agissait de ne pas rater les trains.

Il y avait aussi deux courants rocks assez antagonistes: le hard rock, on le dit aussi metal. Au-delà de son nom, l’essentiel est qu’il est difficilement audible à jeun, et même repu. Et puis, le classic rock dont on ne savait pas encore qu’il était simplement réactionnaire.

Et puis vint, dans ce brouhaha, alors qu’il s’agissait de continuer à exister dans un paysage radiophonique mouvant, fort de cette marque forte, contre ces courants divers, une proposition.

Elle vint de Rudy Léonet. Il avait dans sa poche l’ami Dayez, que je ne peux toujours voir sans penser à celui qui fut son père et fut à mon entrée à la RTB le Directeur impressionnant de l’information. C’était les “cinq heures”. Normal: elles faisaient alors cinq heures. Le mercredi après-midi. Ce qui la caractérisait et la caractérise toujours: un pari acéré sur ce qui fera la pop-culture de demain. Un pari qui valait le coup d’être tenté. Il suffisait de dire “oui”. Et comme il ne faut pas désespérer ni de ceux qui ont des idées, ni du public, on vit que le public prit à cet hameçon, lancé par ceux-là.

L’émission changea de format, on tira sur ce que serait “cinq heures”, en un morceau ou en tranches, comme une cassata dont il s’avère maintenant que les italiens n’ont pas seuls le secret, sur Radio 21 ou sur Pure, trop vite enterrée, et finalement sur la Première… Les choses changent. Et les publics.

Reste une expérience rare et heureuse d’une proposition radiophonique quand elles se construisaient à l’instinct. Et qui fut un morceau de mon bonheur professionnel.

Bernard Chateau,



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