On n’en finit pas de parler de la Grande Guerre et il semble qu’on la connaisse bien mal !
Nous allons essayer de vous faire connaître la triste vie et souvent la pénible mort de ces braves travailleurs chinois.

Pour remplacer les hommes partis au front, les femmes ont souvent travaillé à leur place mais ce n’était pas suffisant.
La France et la Grande-Bretagne ont alors fait appel à des travailleurs Chinois sous contrat.
C’est ainsi que à partir de 1917, environ 140.000 travailleurs chinois ont rejoint la première guerre mondiale, dans le Nord de la France et en Belgique, aux environs de Ypres, dernière contrée de Belgique à ne pas être envahie par les armées allemandes.
Ces chinois ont accompli un dur labeur à l’arrière du front : dans des usines d’armement, des ports pour charger et décharger le matériel de guerre, des mines, des exploitations agricoles et des forêts ou pour la réfection des routes.
Quatre-vingts pour cent des travailleurs furent recrutés dans la région de Shandong, dans l’est de la Chine : leur robustesse était la principale raison de ce choix.
Les Britanniques avaient déjà recouru à leur service pour l’exploitation des mines d’or en Afrique du Sud dans les années 1903-1904. Weihai, le port de cette province était d’ailleurs administré par des Anglais.
Pour beaucoup de ces hommes, qui n’avaient jamais quitté leur village, le voyage de trois mois en bateau fût fatal. Certains étaient pris de mal de mer, de nombreux émigrants sont tombés gravement malades et d’autres, devenus fous, s’étaient jetés à la mer.
En effet, le trajet en mer Méditerranée « était souvent très difficile : des paquebots n’arrivaient pas à Marseille, torpillés par les Allemands et il y eût de nombreuses attaques en mer contraignant les Français et les Britanniques à changer de route. Les travailleurs chinois durent alors traverser le Pacifique en bateau, le Canada en train, puis l’Atlantique pour débarquer essentiellement au Havre ou à Dieppe ».
Comme on l’a vu plus haut, les Chinois signaient un contrat de travail mais les régimes contractuels étaient différents.
En France par exemple, le recrutement était signé pour une durée de cinq ans. Les travailleurs non-qualifiés étaient payés 1,50 francs par jour (le kilo de pain coûtait 0,44 francs en 1914), les qualifiés (mécaniciens, arti-sans, interprètes), jusqu’à 6 francs par jour. Le ministère des Travaux Publics mit des logements à disposition des différentes sociétés privées.
Pour les autorités britanniques, les travailleurs étaient embauchés pour trois ans. Les ouvriers non-qualifiés étaient rémunérés 1 franc par jour, les qualifiés, 1,50 franc par jour.
Les coolies (1) étaient souvent logés dans des camps de travailleurs pouvant contenir jusqu’à 10.000 hommes. Ceux-ci n’avaient pas le droit de nouer des contacts avec la population locale. Les allées et venues étaient contrôlées. Il y avait bien sûr des interprètes mais malgré leur présence, d’importants problèmes de communication survinrent.
« L’écrasante majorité ne comprenait pas les ordres donnés. Pour que les ouvriers se pressent, les officiers anglais hurlaient « Go ! Go !, ce qui en mandarin veut dire « chien ! chien ! ». Cela a donné lieu à des grèves, à des incidents entre Chinois et Anglais » (2).

De plus, certains travailleurs chinois ont du creuser des tombes pour les soldats ce qui n’était pas stipulé dans leur contrat de travail. Au lendemain de la guerre, d’autres Chinois ont du procéder au déminage des champs de bataille ou même à l’exhumation ou l’ensevelissement de soldats tués pendant les combats.
Il y eut des milliers de morts chinois, selon les autorités françaises et britanniques mais beaucoup ont disparu (on parle de 27.000 !).
Certains qui vivaient et travaillaient dans des zones de combat ont dû être tués et

Mais beaucoup ont été victimes de maltraitances, de maladies (tuber-culose, rougeole, méningite cérébro-spinale, grippe, dysenteries …) ou de surmenage au travail.
Après la fin du conflit mondial, la Commission impériale des sépultures de guerre a fait construire des cimetières en hommage aux soldats et aux travailleurs morts pendant la guerre. Elle a adopté une résolution selon laquelle les victimes de guerre doivent reposer sur le sol où elles avaient été ensevelies. C’est ainsi que des travailleurs chinois sont enterrés dans des cimetières militaires britanniques en France et en Belgique ou dans des cimetières communaux français.
Un beau cimetière est celui de Nolette (à Noyelles-sur-Mer en Somme) qui compte 843 tombes parfaitement entretenues par le Commonwealth War Graves; les tombes sont construites et décorées avec beaucoup de soin. Ainsi, chaque tombe porte une inscription rappelant l’honnêteté et le courage du défunt. C’est émouvant et impressionnant !
Certains Chinois sont restés en France après la guerre: ils ont fondé des familles.
Mais il nous a semblé important d’évoquer le souvenir de ces pauvres martyrs, souvent méconnus.

A.M.Marré-Muls


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(1) En Extrême-Orient, les coolies sont des travailleurs ou des porteurs. Cela correspond à « fort des Halles » et n’a rien de péjoratif !
(2) Selon Ma Li, maître de conférences à l’Université du Littoral (Pas-de-Calais)

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