Notre attention a été attirée par le nom de « quartier du marquis » donné au 18° siècle à la partie Nord (c’est-à-dire droite lorsqu’on se trouve en face) de la ferme de l’Hosté bâtie sur les ruines de l’ancien château des seigneurs de Carnières situé Place de Carnières et démoli par les troupes du roi de France, Henri II en 1554.

Il s’agirait donc de l’immeuble existant encore actuellement et divisé fin 19° siècle en trois maisons portant les numéros 8, 9 et 10 de la Place de Carnières.
La présence d’anciens arcs de décharge dans la façade et l’aspect du pignon révèlent encore l’ancienneté du bâtiment.
Les marquis dont on parle étaient les du Chasteler.

On sait en effet que la seigneurie haut-justicière de Carnières, issue du 13° siècle, appartint successivement aux familles de Carnières, de Senzeilles, de Roxhelée de Montjoie, de Druyn de Rosey, de Lynden, de Mirbicht, de Maillard, Boele, du Sart et du Chasteler.

Remontons à Monsieur le Conseiller Jean-François Boele, seigneur de la Cattoire, Anvaing, Courcelles, du Mortier de Rianwelz…conseiller au Conseil Souverain du Hainaut, qui acheta la terre de Carnières en 1707 à Louis François de Maillard, baron de Landre.
Messire Jean François Boele, d’une famille d’origine flamande, écuyer, avait épousé à Mons, le 13 juillet 1683 dame Marie Claire Josephe du Sart, fille du chevalier Nicolas du Sart de Bouland et d’Antoinette de Béron, née le 3 mars 1663.
C’est donc en 1707, le 5 juillet, qu’il fit relief (1) de la terre de Carnières qu’il avait acquise comme usufruitier, la seigneurie ayant été achetée pour sa femme.
Le 13 juin 1711, Marie Claire du Sart fit relief de Courcelles et de Rianwelz.
Jean François Boele mourut à Carnières le 28 février 1717 et fut enterré à l’église Sainte Waudru à Mons, entre le 5° et le 6° pilier de la nef de gauche.

Marie Claire du Sart, veuve sans enfants de son mari, hérita donc de la terre de Carnières dont elle fit relief le 3 septembre 1717.
Elle épousa en secondes noces, en 1718, Jean François, marquis du Chasteler, né le 5 août 1691, fils de Messire Antoine Chrétien du Chasteler, seigneur de Moulbais et de dame Catherine Josephe Franeau. C’est Jean François, marquis du Chasteler, de Courcelles et de Moulbais qui fut fait par lettres patentes du 15 mars 1725, seigneur de Carnières, Ansermont et autres lieux.

La maison du Chasteler de Moulbais descend en ligne directe de la maison ducale
de Lorraine et a donc une commune origine avec la maison impériale d’Autriche (2).
Un procès de 1719 (3) montre que Jean François du Chasteler présente requête pour être reçu à la Chambre de la Noblesse en s’appuyant sur le relief fait par son épouse de la seigneurie de Courcelles en 1711. Marie Claire du Sart mourut le 5 avril 1743. Ses exécuteurs testamentaires mirent en vente ses biens par recours public à la Toison d’Or à Mons, le 22 mai 1743. Le marquis du Chasteler, son époux, acquit alors la terre de Carnières, pour le prix de 100.000 florins.

Il se remaria le 1° juin 1743 avec la nièce de sa première femme, dénommée aussi Marie Claire du Sart, née le 4 septembre 1716, fille de Joseph Marie du Sart, chevalier, seigneur de Bouland, frère de la 1° femme du marquis de Chasteler, et de Marie Marguerite du Berois.
Elle lui donna un fils et trois filles.

Jean François du Chasteler mourut le 24 août 1764, cédant la seigneurie de Carnières à son fils François Gabriel Joseph du Chasteler.

Il fit relief de la terre de Carnières, héritée de son père.

SA VIE

Un document de 1786 (4) nous apprend que ce seigneur de Carnières se baron d’Incourt, seigneur de Carnières, Vieuxville, Saint Martin-lez-Balâtre, Rianwelz, le Cattoire, Ansermont, Jeanrieux, Anvaing, Boulant, Le Tenre, Requignies, des bois de Louvignies… membre de la Noblesse de l’Etat du Brabant, du Hainaut, de Namur, chambellan actuel et Conseiller d’Etat d’épée de sa Majesté l’Empereur et Roi et de la garde noble aux Pays-Bas, gouverneur et prévôt des ville et prévôté de Binche, bailli des bois de ce département.

Il est pour nous du plus haut intérêt de mieux connaître cet homme qui fut chambellan et historien et dont on dit que « par la distinction de sa naissance et ses rares qualités, par les faits de sa vie et ses nombreux mérites, François-Gabriel ,marquis Du Chasteler, chambellan et histo-nous soir permis d’évoquer succinctement ici cette noble figure bien digne d’un meilleur éloge. » (5)

Il est né à Mons, le 20 mars 1744, de Jean François du Chasteler, marquis de Moulbaix et Courcelles et de Marie Claire du Sart. Il est baptisé le même jour à la Collégiale Saint Germain, tenu sur les fonts baptismaux par son oncle François Gabriel du Chasteler, seigneur de Moulbaix et par Marguerite du Bérois, sa grand-mère.

Dès son plus jeune âge, il est attiré par les lettres qu’il cultiva plus tard avec fruit. Il fit des études sérieuses, comme peu de gens de son rang en faisaient à l’époque, acquérant une somme de connaissances. Il fut licencié en droit civil et canonique à l’Université de Louvain, le 7 décembre 1761.

Il épousa en premières noces, le 21 mars 1762, Albertine Joséphine Dorothée, comtesse de Thurheim, chanoinesse de Mons (6), née de Weinberg ( Autriche) fille de Jean Guillaume, comte de Thurheim et d’Albertine, comtesse de Spinzenslein,
Elle décéda le 25 juillet 1765 (ou le 25 juin 1765 !), lui ayant donné trois enfants :
1°) Jean Gabriel Albert, né à Mons, le 22 janvier 1763
2°) Philippine Françoise-Josephe-Dorothée, née le 10 avril 1764
3°) Marie Josephe Félicienne Junie, née le 1° mai 1765.
Il se remaria à Amsterdam, le 22 mars 1767, à Catherine Isabelle (ou Elisabeth) de Hasselaer, douairière de Geelvincq, fille de Gerard Arnould, bourgmestre d’Amsterdam, directeur de la Compagnie des Indes, Ambassadeur des Provinces Unies au Congrès d’Aix-la-Chapelle et d’Elisabeth de Cliquet. Elle lui donna un fils : Gérard, Arnould-Frederic-Gabriel, né le 5 juillet 1770.

François Gabriel Joseph du Chasteler

SA CARRIERE

A 18 ans, en 1762, il est nommé chambellan (7) de la cour à Vienne par l’Empereur.

A 21 ans, en 1765, il devint lieutenant de la garde royale des halle-bardiers.

En 1769, donc à 25 ans, du Chasteler fut créé gouverneur et prévôt de Binche, succédant au comte de Gougnies. Ce titre était plutôt honori-fique; il avait d’ailleurs été supprimé sous l’administration de l’archiduchesse Marie-Elisabeth. Son successeur, Charles de Lorraine qui affectionnait le marquis du Chasteler, rétablit en sa faveur cette fonction, à condition qu’il ne s’obligerait à prétendre à aucun droit, émoluments ou privilèges attachés à cette charge ; ce qu’il fit le 21 décembre 1769.

En 1769 aussi, il soutint un procès contre les prétentions nobiliaires du comte Du Chastelet en France. Des biographes ont écrit que ses prétentions nobiliaires exagérées lui avaient suscité beaucoup de désagréments. Il avait portant obtenu des lettres patentes, envoyées à Vienne le 28 mars 1769, où on lui permettait de draper ses armoiries d’un manteau d’hermine et de les sommer d’une couronne de duc; attendu qu’il descendait en ligne directe, légitime et masculine de Thiéry, surnommé l’Enfer, seigneur du Chasteler, qui vivait en 1225 et qui était fils de Thiéri ou Frédéric, comte de Bitche et de Ludomille de Pologne, sa femme.

En 1770, l’impératrice Marie-Thérèse l’éleva à la dignité de conseiller d’Etat-d’Epée et de Grand d’Espagne de 1° classe, à titre héréditaire.

Des lettres patentes de l’impératrice Marie-Thérèse, en date du 23 juillet 1776, le nommaient seigneur de Carnières, Longueville, La Cattoire, Rianwelz, Ansermont et bois de Louvignies.

A partir de 1777, il fut membre de la Noblesse des Etats du Brabant, du Hainaut et de Namur.

Pendant les troubles provoqués par les édits de Joseph II ( entre 1780 et 1790), il servit d’intermédiaire entre les autorités légales et les bourgeois – en révolte. Il faillit en perdre la vie. Il dut rembourser de ses deniers une forte partie des dépenses que la députation du Hainaut avait votée par opposition patriotique au gouvernement autrichien.

Il mourut à Liège, le 11 octobre 1789. Il ne vit pas la tourmente révolutionnaire qui suivit. Les armoiries des prévôts de Binche, placées dans la grande salle de l’Hôtel de Ville de Binche, dont les siennes furent arrachées et détruites par les républicains français, le 11 novembre 1792, quelques jours après la victoire de Jemappes.

SES TRAVAUX LITTERAIRES

En 1776, une question proposée par l’Académie des Sciences et Belles-Lettres, séant à Bruxelles, lui donna l’occasion de publier un « Mémoire relatif aux Principales expéditions ou émigrations des Belges dans les pays lointains et à leurs effets sur les mœurs et le caractère national ».

En 1778, ce travail fit du marquis un lauréat de l’Académie et ensuite un membre correspondant.

Le 14 octobre 1779, l’académie l’appela au fauteuil rendu vacant par le décès de l’historien Van der Vynckt.

Le 11 novembre 1779, son discours de réception comportait le plan raisonné d’une Histoire générale des Pays-Bas autrichiens. Son titre d’académicien était le plus important pour lui.

En 1781, l’impératrice Marie-Thérèse, qui affectionnait particulièrement les Wallons, promut François Gabriel du Chasteler au titre de président de l’Académie. C’est en cette qualité qu’il reçut le 12 juillet 1782 à l’Académie, le Tsar Paul I° et la princesse Sophie Dorothée Auguste de Wurtemberg, son épouse. Devant ces illustres personnages, il eut l’honneur de lire ses mémoires restés inédits, sur les troubles des Pays Bas.

Le marquis du Chasteler était un des membres les plus assidus de l’Académie de Bruxelles ; il s’appliqua à faire connaître son pays et les précieux documents conservés dans les dépôts publics.

Sous sa présidence à l’Académie, on forma un comité d’étude historique nationale.

Le 16 mai 1781, l’Académie se vit annexer le musée Bellarmin avec sa riche dotation et le marquis du Chasteler en fut nommé l’inspecteur.

Mais l’Académie eut aussi le monopole, jusque là réservé aux Bollandistes, de publier de grands travaux littéraires, entre autres, Les Réflexions sommaires sur le plan à former pour une histoire générale des Pays Bas Autrichiens, monument d’Histoire où le marquis du Chasteler prit une part active.

C’est lui aussi qui publia La Chronique du Hainaut de Gislebert, aux frais de l’Académie. Gislebert était chancelier du comte Baudouin V. Cette chronique s’appuyait sur un manuscrit du 15° siècle que possédait le Chapitre des Dames Chanoinesses de Sainte-Waudru, à laquelle le marquis devait joindre un volume de notes; mais il n’en eut pas le temps.

Il s’adonna aussi à de patientes recherches sur la généalogie de sa famille. Cette généalogie qu’il utilisa pour se défendre contre les prétentions de la famille Du Chastelet de France, qui lui déniait la noblesse et lui causa beaucoup d’embarras. Il se trouva presque disgracié de la Cour de Vienne parce qu’il avait dans cet ouvrage, parlé de sa parenté avec la famille impériale.

CONCLUSION

Pendant 26 ans, le marquis du Chasteler avait été seigneur de la terre de Carnières qu’il vint visiter plusieurs fois, attiré surtout par la chasse. Beaucoup de personnes de Carnières qui vivaient à son époque, font le plus grand éloge de sa bienveillance, de sa bonhomie et de sa charité. Il favorisait le développement de l’agriculture et d’ailleurs, il aimait sincèrement la vie des champs, ne dédaignant parfois pas de se mêler aux réjouissances des paysans.

Jean Gabriel Joseph Albert du Chasteler

Jean Gabriel Joseph Albert du Chasteler, marquis, est né à Mons, le 22 janvier 1763 du premier mariage de son père, Jean François du Chasteler avec Albertine de Thurheim.

Il fit relief de la terre de Carnières par procuration, le 8 mars 1790. Pourquoi par procuration? Parce que ce seigneur, le dernier du village, ne vint jamais visiter la terre de Carnières, empêché par ses occupations, entre autres, par les guerres de la Révolution Française.

 Officier de l’armée autrichienne qu’il conduisit souvent à la victoire, il fut l’un des rares généraux qui firent reculer les Français.

SA FORMATION

Il fit de sérieuses études, d’abord à Mons, au collège de Houdain, puis à l’école de Pont-à-Mousson (France) et enfin à l’Académie militaire de Vienne où il se fit remarquer par ses dispositions; il fit d’ailleurs admis comme sous-lieutenant du génie à 17 ans à peine!

C’était l’époque de la succession de la Bavière. Il profita de 10 années de paix pour visiter toutes les provinces autrichiennes et apprendre les différents dia-lectes.

SA CARRIERE

Dès le début, il prit part, sous le commandement du général Duhamel de Gerlande, aux travaux qui transformèrent en forteresses les villes de Josephstadt

En 1789, il est nommé capitaine.

La même année, il prenait part à la Guerre contre les Turcs. Il se distingua par son courage et son talent militaires au siège de Belgrade, ce qui lui permit de recevoir en récompense, la croix de Marie-Thérèse et quelques temps après, le grade de major.

Il fut alors chargé de dresser la carte militaire de Valachie (une partie da la Roumanie); il s’en acquitta avec promptitude et talent, à la satisfaction des généraux.

En 1790 il est donc nommé lieutenant-colonel. Il est alors envoyé aux Pays-Bas (dans la future Belgique), chargé par le gouvernement autrichien de relever les fortifications de Namur, rasées sur l’ordre de Joseph II. Les travaux étaient encore en cours en 1792 lorsque le marquis du Chasteler qui venait de recevoir le grade de colonel, en conservant le commandement de Namur, se vit attaqué en novembre par l’armée française et forcé à se refermer dans la citadelle de Namur. Il soutint le siège pendant 15 jours de tranchée ouverte, avec des moyens de fortune, mais avec bravoure et habileté. Mais il dut capituler; il fut fait prisonnier de guerre et conduit à Reims. Echangé contre des prisonniers français, il sortit rapidement de captivité.

En 1793, il assista aux combats d’Altenhove, de Neerwinden et au siège de Valenciennes où il reçut 7 blessures, ce qui lui valut le grade de général-major. En 1793 toujours, il commandait la cavalerie autrichienne lorsque la bataille de Wattignies fut perdue contre les Français.

En 1794, sous les ordres de Clerfayt, il dirigea les travaux de défense de Mayence et réussit en novembre 1795, à chasser l’armée qui la bloquait des retranchements jugés imprenables jusqu’alors. Il fut chargé de porter la nouvelle de cette éclatante victoire à Vienne et l’Empereur le nomma colonel d’Etat-Major.

S’il était un excellent guerrier, il était aussi un fin diplomate. C’est en cette qualité qu’il fut chargé en 1797, de diriger les travaux de démarcation des nouvelles frontières de l’Empire et de la conclusion d’une alliance offensive entre la Russie et l’Autriche.

En 1798, la Cour de Vienne, voulant engager la Russie dans une seconde coalition contre la France, choisit le marquis de Chasteler comme ambassadeur à Saint-Petersbourg

Du Chasteler parvint à persuader le Tsar Paul I° à s’unir aux Autrichiens.

Pendant l’année 1799, les Austro-Russes se battirent en Italie. Le marquis du Chasteler fut élevé au grade ce colonel propriétaire du régiment d’infanterie n° 27, de lieutenant-général et de Commandeur de l’Ordre de Marie-Thérèse.

Il fut nommé chef d’Etat-Major du commandement en chef et assura le passage de l’Adige (8). Il se battit encore dans les plaines du Nord de l’Italie, dirigea les travaux d’attaque de la citadelle de Turin et fut blessé d’un coup de feu à Alexandrie (au Sud de Milan). Il dut alors abandonner son poste.

En 1800, à peine remis de sa blessure, il reçut l’ordre de se rendre au Tyrol pour y organiser les milices de montagnards. Il le fit avec tant de doigté qu’il y devint populaire.

La défense du pays y était bien établie.

Du Chasteler profila de la paix de 1802 pour se rendre à Paris voir Napoléon Bonaparte alors Premier Consul. Celui-ci fit lever le séquestre apposé sur les biens du marquis en Belgique où l’Administration révolutionnaire l’avait considéré comme émigré!

En 1805, Charles de Habsbourg, Archiduc d’Autriche, placé à la tête de l’armée d’Italie, choisit le marquis de Chasteler comme chef d’Etat Major de l’armée qu’il commandait en Italie. Mais cette armée fit menacée par les succès des Français en Allemagne et l’Archiduc résolut alors de battre en retraite au Tyrol. Il y chargea du Chasteler d’y assurer son autorité.

Le marquis se défendit encore avec bravoure et réussit à chasser les Français.

De 1806 à 1808, le marquis du Chasteler continua ses nombreuses activités guerrières, avec succès, essentiellement dans le Tyrol autrichien ou italien.

D’ailleurs, la mise en défense du Tyrol qui rendait presque impossible la réunion des armées françaises d’Italie et d’Allemagne, irrita tellement Napoléon qu’il alla jusqu’à mettre le marquis du Chasteler hors la loi. Car Bonaparte craignant les plans et la science militaires du marquis. Il reconnut d’ailleurs que les succès des Autrichiens lui étaient dus en partie. Dès le 5 mai 1809, Napoléon avait publié cet ordre du jour: “le nommé Chasteler, soi-disant général au service d’Autriche, et moteur de l’insurrection du Tyrol, serait traduit devant une commission militaire aussitôt qu’il serait prisonnier, et passé par les armes dans les 24 h. comme chef de brigands”. Cet ordre du jour indigna l’Archiduc Charles qui, fort heureusement, put faire supprimer cet ordre du jour.

Du Chasteler était maître de presque tout le Tyrol mais hélas pour lui, il fut attaqué par le maréchal français Lefebvr et défait après la bataille du 13 mai 1809. Contraint de se retirer, il emmena avec lui quelques centaines de Tyroliens qui, réunis à des volontaires de Carinthie et à un petit corps de troupes autrichiennes lui permirent de tenir en échec les Français lors de la bataille du 5 juin 1809 à Klagenfurt (Autriche). Malheureusement il y connut encore un échec et ses soldats y périrent presque tous. Il fut lui-même blessé de deux coups de sabre et échappa de justesse aux Français.

Il connut une période de paix, suite à la bataille de Wagram (9) et obtint le grade de Feldzeugmeester (général d’artillerie), le titre de chambellan et le collier de commandeur de l’Ordre de Léopold d’Autriche, en récompense de sa fidélité et de son courage inébranlables.

Le marquis du Chasteler quitta Theresienstadt dont il était gouverneur pour servir encore dans les armées actives autrichiennes pendant les campagnes de 1813 et 1814.

En 1815, il remporta la courte campagne contre le roi Murat et après ce succès, il obtint la Croix de Saint Maurice et Lazare de Sardaigne et le titre de gouverneur de Venise, ville où il se fit estimer pendant les onze ans qu’il y occupa ses fonctions.

Il était alors diminué par les nombreuses blessures (15 dont 4 assez graves) reçues et par une vue basse.

En 1819, le Journal de la Province de Hainaut (n° 579,5 octobre 1819) déclare que “les dernières nouvelles de Venise annoncent la mort de Monsieur le Marquis de Chasteler, notre compatriote, général d’artillerie et commandant de cette ville. C’était un des officiers généraux les plus distingués de l’armée autrichienne.” Dans le n° 582, du 15 octobre 1819, ce journal annonce que “la mort du feld-maréchal du Chasteler n’est pas confirmée, mais qu’il est très malade.”

Le vieux général mourut le 10 ou 18 mars 1825 à 62 ans à Venise et non dans une de ses terres près d’Ath en 1820, comme l’écrivait le général Beauvais dans la Biographie universelle.

En 1827, un monument sur lequel sont inscrits ses principaux faits d’armes lui fut élevé à Venise.

S’il comptait 46 années de service militaire, considérant la guerre comme une passion exclusive qui fit qu’il ne se maria jamais, il était aussi très compétent dans les sciences exactes, cultivait la littérature et la poésie légère.

CONCLUSION

En 1792, le marquis de Chasteler avait fait rapport des terres de Carnières devant l’Offiche de Strépy par son mandataire, l’avocat Rozier, afin qu’elles soient vendues après sa mort.

Mais la Révolution Française ne devait pas permettre cet arrangement puisque sa qualité d’émigré et de soldat dans des armées étrangères fit mettre ses biens au nombre des domaines nationaux. Ils furent vendus en 1793.

Du Chasteler fut donc bien le dernier seigneur de Carnières. (à suivre) A.M. Marré-Muls

À suivre… A.M.Marré-Muls



A. Marré-Muls



(1) Le relief d’un fief est un acte par lequel le nouveau vassal rend foi et hommage au seigneur

(2) CHATEAU ( B.), Les Chasteler du Moulbais, dans Feuillets Carniérois, n°40, novembre 1982.

(3) Conseil souverain. Dossier n° 31.906

(4) Archives de l’Etat à Mons, Prévôté de Binche. Recopié par Gonzales Decamps.

(5) PETIT (Karl), Le marquis du Chasteler, dans No Catiau, n° 7-8, septembre-octobre 1991, p. 39

(6) Ces nobles dames ne prononçaient pas de vœux perpétuels, ce qui leur permettait de quitter facilement la vie semi-religieuse, si l’occasion de fonder un foyer se présentait.

(7) Chambellan : officier qui était chargé de tout ce qui concernait le service intérieur de la chambre d’un prince

(8) Adige: fleuve d’Italie, né dans les Alpes, aux confins de la Suisse et de l’Autriche. Traverse le Trentin et la Vénétie avant de se jeter dans l’ Adriatique.

(9) Wagram: au N.E. de Vienne et Autriche. Victoire de Napoléon sur l’Archiduc Charles, le 6 juillet 1809.



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