On pense souvent trouver l’origine des médailles religieuses dans les enseignes de pèlerins, nombreuses au Moyen Age et qui avaient pour ancêtres, semble-t-il, les anciennes amulettes.

Les amulettes sont des objets censés protéger, par exemple contre les sorts, les malheurs ou porter chance (1) et l’idéal est évidemment de les porter sur soi. Les amulettes peuvent être un anneau, une statuette, un dessin, une gemme etc…Il est clair qu’elles varient avec le lieu et l’époque.
On pense aussi que l’usage des amulettes remonte à la Préhistoire.
En tout cas, elles étaient couramment utilisées dans l’Egypte ancienne (scarabées, oudjats ou œil d’Horus, ânkh qui est un hiéroglyphe symbolisant la vie) afin de protéger.
Dans l’ancienne Babylone, on portait de minuscules cylindres d’argiles incrustés de pierres précieuses.
Les Romains préféraient collectionner des statues de Priape, le dieu de la Chance et de la Fertilité.
Les premiers chrétiens choisissaient comme symbole la croix du Christ. En Asie, l’amulette était également courante.

Au Moyen Age, les pèlerins fixaient sur leur chapeau, besace ou vêtement, une enseigne afin de témoigner d’un pèlerinage effectué. Qu’on pense aux fameuses coquilles Saint-Jacques qui rappellent le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle.
Mais ces enseignes étaient parfois seulement considérées comme un souvenir ou comme preuve de grande dévotion du possesseur.
Certaines enseignes, faites de plaquettes historiées fabriquées en plomb ou en étain étaient en fait des sauf-conduits que le pèlerin accrochait sur lui. C’est le cas des enseignes de pèlerinage de la Vierge du Puy des 13° et 14 siècles.
Au Musée de Cluny à Paris sont exposées de nombreuses enseignes de pèlerinage.

Ce n’est qu’à partir du 17e siècle que les enseignes sont remplacées par des médailles religieuses proprement dites, fabriquées principalement en bronze, en cuivre ou en argent.
Et dans les médailles, il y a aussi une multitude de sortes : celles qui présentent une date (un jubilé généralement), celles qui honorent un saint, celles qui sont le reflet d’une dévotion à la Vierge ou au Christ etc…
Nous allons juste nous centrer plus sur les médailles les plus courantes, qu’on retrouve d’ailleurs en abondance. Nous avons choisi d’étudier trois types de médailles très populaires.

La médaille du scapulaire

Elle figure sur une face, la Vierge Marie et sur l’autre, le Sacré-Coeur.
Au départ, le scapulaire (vient du latin: scapula = épaule) était un vêtement religieux, initialement d’une seule pièce, percé en son centre pour laisser passer la tête, et dont les deux côtés, prenant appui sur les épaules, pendent, l’un sur la poitrine et l’autre sur le dos. Le scapulaire le plus répandu est celui connu sous le nom de « scapulaire brun de Notre-Dame du Mont-Carmel », situé près de Nazareth en Palestine. C’est là que naquit l’Ordre dit « des Carmes ». Vers l’an 1000, cet ordre vint d’Orient en Occident et même s’il n’a pas toujours été bien accueilli, il a traversé les siècles.
En 1251, le 6e prieur général des Carmes, l’anglais saint Simon Stock reçut l’apparition de la Vierge Marie qui lui tendit un scapulaire en lui recommandant de le rendre obligatoire. Mais plus tard, par commodité, le vêtement sera remplacé par deux petits carrés de tissu en laine sur lesquels sont cousus l’image du Sacré-Coeur de Jésus et l’image de Notre-Dame du Mont-Carmel.

La médaille de la Vierge miraculeuse

Elle doit son origine aux Apparitions mariales de la rue du Bac, à Paris, en 1830. Le samedi 27 novembre 1830, la Vierge Immaculée apparut à Catherine Labouré, Fille de la Charité, et lui confia la mission de faire frapper une médaille dont Elle lui révéla le modèle.
La médaille connut immédiatement une diffusion extraordinaire. D’innombrables grâces furent obtenues (conversions, guérisons, protections) et de là son nom de
« médaille miraculeuse» qui lui est resté.

La médaille de l’Enfant Jésus de Prague

L’Enfant Jésus de Prague est une statuette en cire représentant Jésus de Nazareth encore enfant, debout, richement vêtu, portant le monde dans la main gauche et bénissant de la main droite.
Selon la légende, elle aurait été sculptée par un moine sur ordre de Jésus et aurait appartenu à Sainte Thérèse d’Avila, la réformatrice des Carmels au 16e siècle.
Celle-ci en fit don à une amie, Maria Maximiliena Manrique de Lara y Mendoza (2) qui elle même l’offrit à sa fille Polyxène de Pernstein, princesse de Lobkowicz. L’année de la mort de son époux, en 1628, Ployxène fit don de la statuette au couvent des Carmélites de BE PRAGUE Prague. Il faut se rappeler qu’au 17e siècle en Bohême, les protestants tchèques, héritiers de Jean Huss, appuyés par les Allemands se révoltent contre les Habsbourg d’Autriche, défenseurs acharnés du catholicisme. Les armées catholiques et impériales l’emportent et la Contre Réforme fera le reste en donnant bien vite à la statuette une réputation de miraculeuse. En effet, dès le milieu du 17e siècle, un premier miracle se produit: à la vue de l’Enfant Roi, une mourante revient à la vie. Dès 1655, les pèlerins et bien sûr les offrandes, affluent en l’église Notre-Dame de la Victoire appelée ainsi parce qu’elle rappelle la victoire des troupes catholiques contre les protestants en 1621.
La dévotion à l’Enfant Jésus de Prague reste très vive de nos jours.

Le fait de porter des médailles se perd… Pourtant, il n’était pas rare et ce, encore dans les années 1970, d’enfiler plusieurs médailles sur une épingle de nourrice qu’on piquait sur les sous-vêtements.
Certaines personnes préféraient garder leurs médailles dans leur porte-monnaie, leur sac, leurs poches…

Et maintenant ?

Il semble que le recours aux médailles, si populaire d’antan, soit tombé en désuétude. C’est par poignées qu’on les recueille actuellement. Et dire que pour beaucoup de gens, elles étaient si importantes !

A.M. Marré-Muls



(1) A bien différencier des talismans qui ont pour but d’obtenir des pouvoirs magiques offensifs.
(2) Dont la famille, les Manrique de Lara, comtes de Trevino, ducs de Najera, sont ambassadeurs perpétuels de la Couronne d’Espagne à Prague.

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