Si l’on a coutume de dire qu’il n’y a rien de plus vieux que les chemins, il en est cependant qui remontent dans la nuit des temps. Certains auteurs n’hésitent pas à les classer dans la préhistoire, d’autres dans la période néolithique (de 6000 à 2400 avant J.-C.). Ces « pistes » ou « allées » fréquentées par des peuplades en migration ou en exode étaient caractérisées par la présence tout au long de leur parcours, de monuments mégalithiques (pierres levées ou menhirs) dont malheureusement de nombreux spécimens ont disparu, débités par l’homme en vue d’empierrer les routes ou à lui fournir des matériaux de construction.

La piste qui, dans le sud de notre pays, représentait la plus forte concentration relative de pierres levées, allait de Mons à Namur; elle évitait tout naturellement la traversée de rivières importantes, cherchait un relief aplani, évitait les collines abruptes et suivait de préférences les vallons.

Carnières. Plan général.
Carnières. Plan général.

Jean FICHEFET (*) propose le tracé suivant : Saint-Symphorien, Strépy, Trivière, Saint-Vaast, Haine-Saint-Pierre, Morlanwelz, Carnières, Piéton, Trazegnies, Courcelles, Gosselies, Heppignies, Fleurus, Keumiée, Balâtre, Onoz, Spy, Suarlée, Belgrade… D

Deux pierres existent toujours, l’une à Ville-sur-Haine, l’autre à Velaine, mais on a connaissance des menhirs de Bray, Spy, Auvelais, Franière et Jambes, tous disparus.

Le vieux chemin de Mons à Namur traversait notre village en débouchant de Morlanwelz à Trois-Arbres, descendait par la rue Saint-Eloi, franchissait la Haie au Pont Noiron (qui serait une déformations de Pont Néron), traversait la Grand’place, suivait la rue du Beauregard pour aller vers Piéton et Forchies par la Gloriette.

Quand Jules César envahit la Gaule vers 57 avant J.-C., les chemins existant étaient trop sinueux à son gré et présentaient trop souvent : haies vives, marécages et fourrés inextricables.

Le génie romain fit alors réaliser à travers les pays conquis et à défendre, un remarquable réseau de routes militaires, toutes convergeant vers Rome.

Allant de Bavai à Tongres, presque en ligne droite, une
« Chaussée romaine » devait limiter notre village au nord.

Après la chute de Rome et l’invasion des barbares, cette chaussée fut vraisemblablement négligée abandonnée comme La population n’hésitait pas à les détruire dans le double but d’éviter un passage facile de l’envahisseur et de récupérer de surcroît les grosses pierres.

Ce n’est qu’à la période franque, que Brunehault, reine d’Austrasie, intervint avec intelligence et énergie pour restaurer de nombreuses voies romaines. C’est la raison pour laquelle la “Chaussée romaine “, souvent appelée “Haute Chaussée”, fut baptisée “Chaussée Brunehault”.

Enfin, le chemin qui descend de Mont-Sainte-Aldegonde par la rue de la Gade, traverse la Haie au Moulin Brûlé pour gagner Piéton par Colarmont et le Bois des Vallées, remonterait, selon Gonzalès Decamps, au moins au début de notre ère. Certains indices tels que silex découverts au siècle dernier au Bois des Faux et les poteries romaines de Colarmont en sont des témoignages.

Il serait, à notre avis, une variante aux deux premiers trajets, selon l’époque, les saisons et l’état des routes.

Robert Balestin, janvier 1973, N° 1.

(*) « Le vieux chemin de Mons à Namur » – Annales de la Société Archéologique de Namur – t. 54 – Fasc. 2 – 1968.

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