La suppression de Carnières, en tant que commune indépendante, au 1er janvier 1977 m’incite à communiquer le résultat d’un petit travail statistique sur l’évolution quantitative de l’habitat et des habitants de notre commune. Ce travail a pû être réalisé, grâce au dépouillement des « Notes de Carnières» de feu Gonzales Descamps, établi par le membre du C. R.E. C. C. : TAMINIAU Albert.

La reprise en 868, du nom de Carnières dans le cartulaire de l’abbaye de Lobbes, nous garantit l’existence d’un certain habitat dans notre commune. Le Moyen-Age ne nous laissant toutefois aucune indication sur le nombre de ces habitats et de sa population.

D’après un ancien document, il existait à Carnières :
en 1424 – 1425, 28 feux imposables (1)
en 1486, on en comptait 40 (2)
en 1539, 51
en 1740, 64
en 1830, 157
1866, on comptait 1020 maisons : 925 habitées et 95 inhabitées
en 1880, 1203 maisons habitées et 13 maisons inhabitées
en 1929, 2293 maisons
en 1976 2850 maisons.

La population du village de Carnières, s’est considérablement accrue après la Révolution Française, surtout en raison du développement industriel de nos régions (3). Auparavant, les documents statistiques ne s’établissaient pas d’une manière aussi rigoureuse que de nos jours. Ajoutons que la presque totalité des pièces qui pourraient servir à dénombrer la population ont disparu ou sont détruites. Dans ces conditions, il est malaisé de fixer de façon précise le chiffre de la population dans le passé.

Si l’on compte que la moyenne par feu était de huit à dix habitants; (ce qui n’est pas exagéré (4), et si nous comprenons les personnes non imposables, (éclésiastiques et gens des deux seigneureries), nous pouvons fixer le chiffre de la population à :

275 habitants pour 1424
400 habitants pour 1486
500 habitants pour 1539
570 habitants pour 1740.

Un relevé de 1539 (5), nous renseigne qu’il y avait alors, 2 laboureurs, 31 « louaigiers et héritiers aisez», 18 pauvres et 5 feux non recensés. Un rôle de 1593 (6) nous apprend que la milice comprenait cette année 1 capitaine, 1 lieutenant, 3 sergents, 3 caporaux, 4 dizeniers, 1 fourrier et 50 hommes.

Suivant le cahier des « vingtièmes », établi en 1701, on dénombrait alors, 97 chefs de famille, propriétaires d’immeubles dans le village, 12 cabaratiers, 1 charron, 1 maréchal, 1 meunier, 10 fermes occupant au moins 12 bonniers, 1 brasseur et 6 boutiques de grais-serie (épicerie).

En 1713, après une attestation servie par les curé, mayeur et échevins, on ne comptait tout au plus que 142 hommes en état de porter les armes, y compris les garçons et les domestiques de ferme.

Depuis la fin du XVIlle début du XIX siècle, c’est-à-dire depuis l’époque où les conseils municipaux furent chargés de la tenue des registres de l’état civil, le tableau du mouvement de la population a été dressé chaque année. Cela nous permet de constater qu’à Carnières il y avait :

1295 habitants en 1802 (7)
1300 en 1804 (8)
1975 en 1830 (9)
3107 en 1855 (10)
4197 en 1866 (11)
4651 en 1873 (12)
5771 en 1880 (13)
7440 en 1901
8347 en 1911
8566 en 1929
8175 au 31 décembre 1975.

Nous constatons aussi que sur un espace de temps de 150 années, le chiffre de la population devient sept fois plus élevé, que la progression la plus importante est suivie entre 1830 et 1870 (voir (3) et que depuis 1914, principalement à cause des deux guerres mondiales et de leurs fâcheuses suites économiques, de la dénatalité marquée de nos régions, malgré l’apport des travailleurs étrangers, le taux de la progression diminue sensiblement.

Au cours des années qui ont précédé la première guerre mondiale (1914-1918), on a beaucoup bâti à Carnières, ce qui a permis aux agglomérations diverses de se développer et d’avoir une tendance à se rejoindre peu à peu comme pour former un tout.

L’entre-deux-guerres ne fut pas aussi prolixe pour la construction de nouvelles habitations. On répara les dégâts causés par la guerre et cela essentiellement à Colarmont. On aménagea et modernisa d’anciennes maisons et on éleva une cinquantaine de maisons neuves.

C’est toutefois en 1929 que s’est formée à Carnières, une société d’habitations ouvrières, le « Foyer Carniérois ». C’est à cette société que nous devons, avant 1940, la construction de la Cité Wauters, sise entre la rue Saint Eloi et la rue Roujuste et la Cité Bougard, d’après 1940, et située sur le plateau de Colarmont, le long de l’avenue de France, tracée avant 1932.

Remarquons que même au commencement du XIXe siècle, la situation du village était très différente de celle d’aujourd’hui. Les habitations s’enfouissaient dans des courtils ombreux, sans souci de « l’alignement ». Elles étaient isolées, situées à de grandes distances les unes des autres. Et comme les voies de communication étaient des plus primitives, il ne faut pas s’étonner que les gens de loi et les justiciers l’aient qualifiée de paroisse la plus difficile du district de Binche… « Omnius districtus, parochia difficilior ».

Le centre du village était peu habité, les maisons étaient toutes bâties aux confins de la commune, formant des hameaux qui avaient moins de relations entre eux que les localités actuelles distantes de plusieurs kilomètres.

Les noms de ces hameaux sont très anciens pour la plupart et se sont conservés jusqu’à nos jours. Citons ceux de Beauregard, Colarmont, Vieille Eglise, Fonds des Trieux, Gade, Grands Trieux, Gratinne, Greiot, Hairmont, Houssu, Pairois, Petit Saint Hilaire, Placart, Ravei, Roujuste, Petit Trieux et Warichais ou Waressaix. Albert Marré.

A.M.M.M. / Albert Marré

(1) Régistre d’une taille imposée sur le Pays de Hainaut. (Feu : dictionnaire Larousse :. par extension ce mot désigne : cheminée, foyer. / Ménage, famille habitant un village, une commune.
(2) D’après une ancienne matricule copiée dans le mémoire de Dubuisson sur le Hainaut fo 38.
(3) Voir plaquette sur le « Hainaut » éditée par le Crédit Communal en 1976.
(4) Un seul corps de logis divisé en plusieurs habitations ne se comprenait fort souvent que pour un feu: A noter aussi; chose générale jadis, que les enfants demeuraient encore, longtemps après le mariage, sous le toit paternel.
(5) Assiette des feux et cheminées dans le Comté de Hainaut en 1539.
(6) Extrait du rôle de 1593 (63 hommes). Note : Le chiffre de Morlanwelz, La Hestre et Bellecourt : 151, de Mont-Sainte-Aldegonde : 12, de Strépy et Bracquegnies : 37, de Jumet et Le Rœulx: 104.
(7) Annuaire du département de Jemappes de l’an XI.
(8) C. OUDIETTE Dictionnaire geographique et topographique des 13 départements qui composent les Pays-Bas autrichiens an XII-1804.
(9) Th. LEJEUNE – Monographie historique et archéologique de diverses localités du Hainaut, (tome VII). VANDERMAELEN Dictionnaire géographique de la Hainaut… (1833).
(10) Rapport de la députation permanente du Hainaut pour 1856. budget de la commune de Carnières. (
11) Population par commune, arrondissement et province. – publication préliminaire d’après les résultats du recensement général au 31 décembre 1866. Bruxelles, lesigne 1869 en 40.
(12) Th. LEJEUNE – Monographie historique et archéologique de diverses localités.
(13) Statistiques de la Belgique. Recensement général au 31 décembre 1881. (Bruxelles 1884).



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