Le "Papy". L'oeuvre d'une vie pour Georges Papy et Frédérique Lenger.

On évoque volontiers la vie de chanteurs, de sportifs, de politiques, de chroniqueurs… Mais plus rarement d’anonymes, qui travaillent dans l’ombre mais avec passion à leur métier, à l’améliorer, pour le bien du plus grand nombre. Parmi eux, les enseignants. Un métier de plus en plus difficile et qui fait pourtant ce que sera demain.

Alors, on va modestement mettre en lumière aujourd’hui quelques enseignants, et surtout l’une d’entre eux, qui ont révolutionné leur matière, la manière de l’aborder, la manière de l’enseigner, et ses objectifs.

L’enseignement de la mathématique

On va évoquer les mathématiques modernes. Ou la mathématique moderne.

Ceux qui ont entamé leurs études secondaires dans les années 60’ ou 70’ s’en souviennent. Ce qui a caractérisé cette révolution : les parents n’y comprenaient rien. Et enfants et ado ne devaient compter que sur eux-mêmes – et leurs “maîtres”.
Ce que voulaient les promoteurs : renouveler la mathématique, compte tenu de l’évolution des matières et des sciences. Mais au-delà, participer au développement général des élèves. Ces promoteurs étaient mathématiciens, logiciens, pédagogues et psychologues. Aller plus loin, et donner un attrait ludique à la matière, c’était l’idée.

Willy Servais

Parmi eux, Willy Servais, professeur et puis préfet de l’Athénée Provincial du Centre Arthur Warocqué. Il a lancé les débats autour d’une réforme des programmes de mathématiques, dans les années ’50.
La mathématique moderne, c’était aussi, voire surtout un outil, avec un rôle culturel plein dans le monde moderne.

La tournure de la pensée mathématique est une école de formation idéale.

Willy Servais

Mais il avait le don d’enthousiasmer.
Il y avait dans ce petit groupe de passionnés Renée, sa femme. Et mathématicienne, comme lui.
Mais aussi Frédérique Lenger. C’est ensemble qu’ils entreprennent la rédaction du premier programme expérimental de « mathématiques modernes » destiné aux Ecoles Normales.

Frédérique Lenger

Diplômée de l’ULB, elle est nommée en 1957 est préfète du Lycée Royal d’Arlon et directrice de l’Ecole Normale de l’Etat à Arlon. Deux ans plus tard, en 1959, Frédérique LENGER héberge dans son Ecole le congrès de la Société belge des professeurs de mathématique durant lequel Georges PAPY expose sa conception de l’enseignement, et le concept des ensembles.

Est-ce l’été ? Est-ce la fougue qu’il met dans sa communication? Toujours est-il que ces deux-là ne vont plus se quitter. Et que la Mathématique moderne va alimenter les réflexions aux Pays-Bas, au Canada, en France, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Italie…

Ils nourrissent leurs collègues de matières sur la Pédagogie de la Mathématique, en Belgique et à l’étranger.

Derrière le « Papy », dont ceux-là qui s’y sont frotté dans les années ’60 et ’70 se souviennent, il y avait Georges, mais il y avait aussi Frédérique Papy-Lenger. C’est elle qui a aussi mis la mathématique moderne à hauteur d’enfants de six ans. C’est elle qui a aussi partagé la mathématique avec ces gens différents qu’on appelle autistes.

C’est l’Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public, l’APMEP qui le rappelle dans un bel hommage: ils aimaient les mathématiques ; ils aimaient les enfants ; et ils aimaient les voir tester leur intelligence, chercher les chemins de la rigueur, essayer leurs intuitions, ou laisser rêver les ailes de leurs pensées, et alors…

les papillons peuvent voler.

Georges Papy

Frédérique a disparu en 2005, à 91 ans, des suites d’une mauvaise chute.

Mais pas tout à fait. Parce que demeure le « Papy », dans les esprits et sur quelques rayons.

Et parce que la ville d’Arlon, en mai 2012, a baptisé une nouvelle voie «rue Frédérique Lenger».

Frédérique est décédée en 2005, des suites d’une mauvaise chute, lors d’une promenade avec Georges.

Mais reste le souvenir de cette mathématique “en flèches et en couleurs” dans l’esprit de ceux qui l’ont apprise, comme une gymnastique de l’esprit, et le “Papy”, rangé sur des étagères comme signal discret d’une nostalgie d’un temps passé. Et puis, il y a cette rue que, comme un juste hommage, la ville d’Arlon a baptisé: rue Frédérique Papy-Lenger.

Bernard Chateau

Accueil » Mathématiques modernes. Avec ou sans “s”? Frédérique Papy-Lenger.