Vouloir réduire le nombre des médias de proximité par rapport à un objectif quantitatif préalable, comme le fait le nouveau gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en prenant comme critère les provinces, est une absurdité absolue. Parce que la Province est une notion que l’actuelle majorité entend supprimer et qu’il est donc absurde de dessiner le futur à partir d’un passé à venir. Mais aussi et surtout parce que le média de proximité doit répondre à une réalité de cohérence et de cohésion socio-culturelles qui échappe aux provinces.

S’il est légitime de poser la question, la prendre par ce bout-là est la prendre par le mauvais bout.

Ainsi, le pacte d’Egmont, cher à Léo Tindemans, de 1977, envisageait déjà la suppression des structures provinciales, mais il les remplaçait par la création de 25 sous-régions (11 en Flandre, 13 en Wallonie, et 1 pour Bruxelles).



Ces sous-régions, dessinées sur les limites des plans de secteur d’alors, répondent à ces critères. Le paradoxe – et la provocation – est qu’alors il y aurait davantage de médias de proximité en Wallonie qu’aujourd’hui… même si on y intègre la Communauté germanophone, comme 13° sous-région wallonne… En réalité, la différence viendrait notamment de Liège, que la Ministre évoque comme un modèle, avec une création pour une sous-région: Huy-Waremme…

Ainsi, il n’est pas écrit que le découpage actuel dessine le meilleur des mondes des TVL: certaines TVL actuelles ne résistent manifestement pas au bon sens.

La Ministre serait sans doute bien inspirée de se replonger dans ce dossier du Pacte d’Egmont pour reprendre sa copie.

Au vrai, l’intention de la RTBF alors, et de Robert Stéphane, qui serait Administrateur général, était de pousser à la création de radios de proximité de décrochage, selon ce découpage qui paraissait pertinent.

Ce n’est pas à dire toutefois, encore une fois, que le sujet des télévisions locales ne mérite pas d’être questionné. On le voit sans doute du point de vue d’un redécoupage, vers des zones sociologiquement cohérentes, et des marchés pertinents. Mais surtout, de manière professionnelle, du point de vue de leurs moyens et modes de production et de diffusion.

BFM TV-Régions est un modèle inspirant par sa recherche de zones cohérentes et constituant des marchés larges (suffisants?), avec des normes de production misant sur les MOJO, des studios ramenés au minimum et une régie de diffusion unique. Et malgré tout, le modèle craque, du point de vue de sa viabilité, et cède dans sa plus grande zone: Paris – Ile de France… Cela interroge.

Comment pouvoir ne pas devoir affirmer que le modèle des TL (ou médias de proximité) doit être revu du point de vue de leur financement, tant dans les procédures, les règles que des contributeurs qui les abondent, créant disparités fortes et injustifiables.

Le monde a changé. L’évolution des attentes du public est une réalité.

Les vecteurs d’accès à l’information, et spécialement de l’information de proximité, peut-elle être une addition des médias anciens et nouveaux en vue d’assurer une présence, partout.

La question d’une intégration plus poussée encore avec la RTBF, dans les missions de proximité, malgré les différences dans les statuts des personnels en particulier, et – il faut oser l’admettre – dans leur qualité parfois, se pose. De même que les nécessaires rapprochements synergiques avec la PQR pour une approche holistique de l’information régionale en Wallonie.

A partir de tout quoi, il serait possible d’envisager la constitution conséquente d’un vrai réseau wallon, à partir duquel pourra se créer le média chargé plus spécifiquement de l’actualité de Wallonie et du « roman wallon » qui lui manque.

A défaut, c’est une fois de plus la Wallonie qui serait victime d’une mauvaise rationalisation, tandis que Bruxelles (et BX1) poursuivraient leur route.

Bernard Chateau,

photo de tête: Photo de Glenn Carstens-Peters sur Unsplash

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