A tous les paroissiens de Saint-Hilaire et les Carniérois,

Je m’adresse à vous tous, pour vous dire que depuis que je vis dans l’oubli de tous, relégué dans un coin, je veux aujourd’hui dialoguer avec vous et vous dire toute la solitude que je ressens à me trouver seul, mais aussi la joie que j’avais lorsque je pouvais contempler du haut de mon perchoir tout ce qui se passait dans le village. Lorsque les premières lueurs pointaient à l’horizon, que mes congénères terrestres commençaient à chanter, et que je voyais les premières lumières briller aux fenêtres des mai-sons, je pouvais dire : « voilà mon village « notre » village qui s’éveille » ; et peu à peu, la vie reprenait son rythme journalier. Que de fois n’ai-je pas vu des concitoyens jeter un regard vers moi, pour savoir dans quelle direction venait le vent; c’est une chose que je n’oubliais jamais de faire. Et lorsque ma voisine « la cloche» annonçait le moment venu de venir rendre hommage à N. S., quelle joie j’avais le jour de la profession de foi, de voir tous ces petits enfants tout de blanc vêtus, venir en procession pour proclamer leur foi chrétienne; que de fois j’ai admiré les processions d’antan, et toutes ces voitures qui amenaient les jeunes qui allaient fonder un foyer; mais aussi c’était une tristesse pour moi lorsqu’elle sonnait le glas; c’était pour annoncer un décès ou bien la guerre et alors ce fut le silence, j’étais seul.

Que vous dire de l’animation que je voyais lorsque c’était la kermesse, le monde, le bruit, la musique ces loges foraines et surtout cette odeur qui venait chatouiller mes narines « les frites», mais aussi que dire du monde qui était venu pour me voir descendre en hélicoptère, oui chers Carniérois, tout cela je l’ai contemplé de là-haut. Et lorsque la nuit tombait, toutes ces lumières qui de nouveau éclairant les fenêtres s’éteignaient une à une dans la nuit, le silence envahissait le village, la paix du soir descendait sur la terre.

Aujourd’hui, je suis seul à me repasser tous ces souvenirs, à me forger des idées, à me demander pourquoi l’on tarde si longtemps à reconstruire notre église pour qu’un jour je puisse de nouveau recontempler et de dire, mais qu’il est beau notre village surtout lorsqu’on le regarde du haut du toit de notre église…

G. HOUTRELLE.

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