D’après une requête apostillée du 14 novembre 1684 (1), Pierre Boulvin (2), meunier du village de Carnières, expose les mauvaises conditions qu’il rencontra dans l’exploitation du moulin au cours de l’année 1683.

Ce moulin, « avec trois ou quatre bonniers de prairies qui en dépendent (3), il le tient de louage du Seigneur du dit lieu au rendage de 305 livres ».

Pierre Boulvin se plaint de ce que le greffier Bosquet, commis à la recette du revenu de la terre et seigneureric de Carnières, ne veut lui faire aucune modération malgré les raisons qu’il avance. L’importance des gelées au cours de l’hiver 1683, le coût élevé des réparations faites au moulin, le manque à gagner (il dut abandonner le moulin plusieurs fois) et les pertes qu’il a subies («il a esté tellement pillé et fourragé par les ennemis (4), qu’il a perdu entièrement tous ses fourrages, sans comprendre les sommes considérables qu’il a esté obligé de payer pour mettre le moulin à couvert de feu »), autant d’arguments avancés par le meunier qui demande qu’une enquête soit ouverte. Deux témoignages viennent appuyer la requete du meunier: celui de Jean Voutquen, boulanger et échevin et celui de Gilson Servais, voisin du meunier. « On a été, dit-il, sans moudre pendant août, septembre et octobre, environ deux mois. Il a fallu faire réparation à la masse de la tenue des caux. A cause du campement de la Buissière de l’armée commandée par le sieur de Montal, les habitants de Carnières se sont sauvés et ont porté leurs grains à Fontaine, Mariemont et es autres lieux. Souvent passages de gens de guerre. Le village a été fourragé complètement par deux fois et la dernière par un logement d’une suite de 1.000 à 1.500 chevaux du dit camp. L’hiver dernier, pendant six semaines, les gelées ont été excessives, on ne pouvait aller rechercher sa mousnée ».

Le Conseil souverain du Hainaut rendit un arrêt le 31 décembre 1684 par lequel il modérait le fermage dû pour l’année 1683 en le réduisant de moitié.

A. TAMINIAUX.


(1) Procès jugé au Conseil scuverain du Hainaut, dossier 47905 selon les notes de G. Decamp.
(2) Boulvin, Bolvin, Boislevin.
(3) «Le moulin et huissine comprenaient un tournant (roue motrice d’un moulin à eau) avéc prés et paturages d’une contenance de 2 bonniers, soit un bonnier de « pachy» tenant au vivier, au chemin de Namur, zux Waressaix et à Antoine Posteau, un journel de pature tenant au vivier, à la rivière, au sieur de la Haye et au dit Posteau, deux journels de closure tenant à Jean Lavendhomme de deux côtés, au dit Posteau et à la rivière. »
(4) C’est-à-dire les troupes françaices. Il s’agit de la guerre hispano-française (1683-1684). « C’était un acte de folie dont la Belgique paya tous les frais. En 1683, les Français envahirent nos provinces, bombardant les villes, systématisent la terreur ». F. Van Kalken – Histoire de Belgique, 1946, page 293
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