Une des traditions liées à la nouvelle année, c’est celle des almanachs.
On connaît tous ou presque le Grand double Almanach dit de Liège. Il porte fort mal son nom : il est mince, malgré ses 200 pages et petit de format.

Avec l’année 2024, il fêtera ses 200 années d’existence ! Un bail. Et, dans son histoire, il sera grand par ses effets: il a lancé les éditions Casterman.
Il est plein de conseils de toutes sortes, d’astuces de grands-mères et de prévisions diverses, auxquelles on n’est pas obligé de croire.
A Liège, la tradition de l’Almanach remonte au XVII° siècle et c’est une invention de Matthieu Lansbergh. On pourra y revenir.

L’almanach de Mons

Mais aujourd’hui, on prendra une forme de contre-pied, et on s’intéressera à l‘ « almanach de Mons ». Ou plutôt, “L’armonaque de Mons”, d’un genre résolument humoristique, il contenait des petites histoires. Histoire de rire, et intégralement écrites en Wallon de Mons, imprimé chez Masquillier et Lamir et qu’on trouvait au 25, Grand Rue.

La première édition remontait à 1845. Et on s’avise mieux du contenu en feuilletant l’un ou l’autre exemplaire. Et pourquoi pas l’édition 1851 ? Ca fait donc 170 ans bien comptés. La sagesse et le bon sens populaires régent en maître.

advertances, politique et vie pratique

Il commençait cette année-là par une advertance : « i n’ faut jamais s’vanter d’enne belle journée, d‘vant qu’elle soit passée ». Avertissement ; il ne faut jamais se vanter d’une belle journée, avant qu’elle ne soit passée.
Et il se terminait par une attaque en règle du Ministre des finances à propos de l’augmentation annoncée des impôts, qui se concluait par « quand l’mouton s’a mis dins lès mains du berger, i faut qu’i s’laiye tonde ». Quand le mouton s’est mis dans les mains du berger, il lui reste à se laisser tondre. Alors, populaire ou populiste, déjà? Poujadiste un siècle avant Poujade ? En tout cas, comme des résonnances très actuelles… éternelles?
Mais il avait aussi des informations pratiques, comme les heures d’ouvertures et de fermetures des portes de la ville. D’autres informations étaient plus douteuses.

Ainsi, il faisait remonter le commencement du monde très précisément à il y 5851 ans, loin des certitudes actuelles, où la création du monde daterait d’il y a environ 4,5 milliards d’années. Le Déluge remontait à 4257 ans.
La Belgique avait 20 ans. Exact.

On évoquait la première reine des Belges, Louise d’Orléans, épouse de Léopold I°, qui était décidée à Ostende, le 11 octobre de l’année précédente. Et on s’excusait d’être aussi grave, mais en français. Par respect.
Voilà pour les almanachs. Il reste à évoquer Matthieu Lansbergh qui à créé le genre à Liège.

Bernard Chateau


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