Eyé ké diss, Chateau?

A la Place Waressaix, à Carnières, au coin de la rue Ernest Petit et de la rue du Houssu, il existait une ferme appelée « ferme Bughin», construite à côté du moulin érigé en 1811. C’est la première habitation sur la droite en montant la rue Ernest Petit.
Le dernier habitant fut Monsieur Jean Bughin (dit à la jambe de bois), très impliqué dans les activités réalisées par les groupements de pensionnés de Carnières dans les années 60.
La rivière de la Tour passe sous cette ferme, alimentant le moulin, et se jette dans la Haine à Waressaix

Madame Marré-Muls, dans son livre « Découvrons Carnières » nous rappelle que Monsieur Ernest Petit (1886-1942) a été député socialiste de l’arrondissement de Thuin et bourgmestre de Carnières de 1927 à 1940.
D’après le livre « Les Bourgmestres de l’entité de Morlanwelz» de Francis Paulus et Maurice Vassart, Monsieur Ernest Petit a organisé le 3 juillet 1938, les fêtes du Centenaire de la Maison Communale de Carnières. Les filles et les garçons fréquentant la 6ème année de toutes les écoles de la localité, participèrent à un cortège partant de Tout-Vent, passant par Waressaix vers la Place Communale. Sur celle-ci, ils vont danser toutes les figures du quadrille des lanciers. L’auteur de ce texte et sa future épouse, Jeannine Del-vaux, y étaient et ont dansé ce quadrille. Ils avaient 11 ans.
Rappelons que toute grande manifestation de cette époque à Carnières, passait par la « Commune libre de Waressaix » où il y avait d’ailleurs l’élection d’un « maïeur ».
Dans les années 70, la ferme Bughin a été rachetée et rénovée par Monsieur et Madame Augustin Cordier-Dubrecq. Ils venaient de Nivelles, où ils avaient tenu l’Hôtel-Restaurant des Arcades sur la Grand-Place, face à la Collégiale Sainte-Gertrude (1).

Autour de cette ferme rénovée se trouvait une importante floraison d’arbustes donnant à cette habitation un magnifique environnement. Monsieur et Madame Cordier deviennent d’ailleurs des membres très assidus du Cercle Horticole « La Rose Rouge ».
Malheureusement, sur le côté droit de cette habitation, se trouve un terrain à l’état d’abandon où des passants peu soucieux de l’environnement déversent des immondices de toutes sortes, comme par exemple, des carcasses de voitures usagées.
Le Comité du Cercle Horticole, en plein essor en 1976, prend la décision de contacter Monsieur et Madame Cordier pour faire de cet endroit un square digne de ce nom. Un accord s’établit et une demande d’assistance est faite à l’Administration Communale de Carnières qui répond favorablement. Le travail demandé concerne l’enlèvement des détritus, l’apport de bonne terre et la construction d’un muret autour du jardin; celui-ci sera exécuté avec des pavés de récupération.

Sous la conduite de Monsieur Philippe Wasterlain, ingénieur agronome et membre du Comité du Cercle Horticole, des arbres seront commandés à l’Ecole d’Horticulture de Mariemont.

Un saule pleureur et treize cerisiers du Japon seront plantés en présence de l’Administration Communale de Carnières, du Comité du Cercle Horticole « La Rose Rouge » et de riverains de la Place Waressaix. Après ce travail, un vin d’honneur sera servi à la Maison du Peuple de Carnières.

Anecdote : Un an après la plantation, on remarqua que certains cerisiers du Japon portaient des fleurs blanches et non rosées. C’étaient de véritables cerisiers ; une aubaine pour avoir des cerises à bon compte. Ils furent vite remplacés gratuitement par l’Ecole d’Horticulture de Mariemont.

1977 est l’année de la fusion des communes et une nouvelle demande d’assistance est faite auprès de l’Administration Communale de Morlanwelz qui donne de suite son accord pour continuer le travail d’embellissement. Voyant déjà le magnifique résultat, Monsieur Cordier, aidé par son ami Jean Nelles, reprend à son compte la plantation définitive des cerisiers du Japon et des forsythias, le semis d’une pelouse et surtout la construction d’une clôture pour empêcher le passage des personnes et des chiens.

Entre temps, Monsieur et Madame Cordier-Dubrecq ont reçu la médaille du Hainaut fleuri 1980, remise à Mons en présence du Comité Horticole, très fier de cette distinction.

Malheureusement Augustin Cordier décède en 1988 avant de voir son square terminé. Son épouse, Georgette et son ami Jean continuèrent ce que Augustin Cordier voulait réaliser et ce, à la grande satisfaction de tous.

A l’initiative de l’Administration Communale de Morlanwelz, une plaque avec comme inscription « Square Augustin Cordier » fut placée du côté de la Place Waressaix.
Au mois de septembre 1991, on procéda à l’inauguration de ce square en présence de l’Administration Communale de Morlanwelz représentée par son Bourgmestre, Monsieur Nestor Hubert Pécriaux et ses échevins, de la Province du Hainaut représentée par son Député Monsieur Richard Willame et des conseillers, du Comité du Cercle Horticole La Rose Rouge, de riverains de la Place Waressaix, de Madame Cordier et sa famille.

Des discours furent prononcés par le Bourgmestre et par le Président de la Rose Rouge ; des fleurs furent déposées près de la plaque pendant la minute de silence. Au nom de sa famille, Madame Cordier présenta ses remerciements et invita les participants à prendre le verre de l’amitié au Café des Sports de la Place.

Ce fut une très belle journée d’hommage à Augustin Cordier.

C’est ainsi que depuis plus de vingt ans, au mois de mai, on peut contempler un magnifique coin de verdure et de fleurs sur la Place Waressaix. C’est un véritable ravissement. Cette aventure fleurie méritait d’être tentée.
Merci à tous ceux qui ont participé.


D’après Léopold Blairon (Bulletin du CHAM, septembre 2011)



(1) Augustin Cordier était natif de Carnières.