INTRODUCTION
Il nous semble évident de commencer ce travail par la définition des différents termes qui constituent le titre de cette étude.
Taverne : c’est un lieu où l’on peut s’asseoir afin d’y boire ce que le tavernier pro-pose. Souvent du « vin à pot ». C’est la qualification la plus ancienne du café.
cabaret : Tenu par un cabaretier qui sert à boire mais peut aussi servir à manger.
Café: au départ, endroit où on servait du café puis, c’est devenu un établissement où l’on sert des boissons mais aussi des repas légers. En France surtout, c’est parfois aussi un débit de tabac; on parle alors de bar-tabac.
Bistro : terme plus familier qui désigne aussi un débit de boissons.

Mais il existe encore plein d’autres termes : l’abreuvoir, la bibine, le cafeton, le bouchon, le débit, le caboulot, l’assommoir (Zola), le bouge, le tapis-franc (Dumas et Sue), la gargote, la buvette, le bouzin, la cambuse, la crèmerie, la tabagie, le bougnat (Aveyron), le beuglant (quand on y fait de la musique), la goguette, l’estaminet, la guinguette, le boui-boui, le bastringue, le bar, le rade (surtout pour les marins), le zinc, le marchand-de-vins, le manzingue (déformation du précédent), le bistro dont le nom s’est transformé en bistroquet et donc en troquet et mastroquet, la brasserie (où on sert surtout de la bière mais aussi des repas chauds ou froids préparés rapidement.

Chez nous, on parlait aussi de « salons» où on dansait et bien sûr où on servait aussi à boire !

Qu’il me soit permis ici, de remercier les personnes qui m’ont aidée et particulièrement feu Jules et Marie-Thérèse Philippe-Derivière qui avaient conçu une étude Ajoutons : Baudoux Josette (†) Bughin-Wargnies Andréa (+) Devillers Pierre (t) Gonella Marinella Josse-Moreau Lucette (+)

HISTORIQUE
Le débit de boissons (peu importe le nom qu’on lui donne) a sans doute existé depuis très longtemps, puisque c’était avant tout, un endroit où il y avait un contact humain.

À Pompéi par exemple, il y avait des tavernes! On en a retrouvé des enseignes.

On sait aussi qu’au Moyen Age, il y avait beaucoup de débits de boissons aux noms souvent bien choisis, repris sur des enseignes.

Les tavernes, estaminets et cabarets avaient souvent mauvaise réputation car on y servait à boire bien sûr, on discutait, souvent pour critiquer les autorités mais on
y jouait aussi aux cartes, aux dés ou aux jeux de hasard et on y rencontrait des filles légères !

François VILLON en a souvent parlé dans ses écrits.

Au Moyen Age, la Chaussée Brunehault était très importante et on peut penser que le long de cette grande voie de communication, se sont installées des auberges qui servaient à boire et à manger mais aussi de quoi se reposer ou permettre à ses chevaux de récupérer.

L’arrivée du tabac en Europe si situe au 16e siècle mais l’habitude de chiquer, priser ou fumer s’est surtout répandue au 18e siècle. On imagine aisément la tabagie que les pipes devaient provoquer dans les estaminets !

D’ailleurs, pendant tout l’Ancien Régime, les cafés étaient souvent charivariques et l’Eglise condamnait ces « lieux de débauche » hélas souvent fréquentés par des prêtres !

On dit même qu’en ces lieux, se réunissaient des hommes libres, des philosophes et autres élites pensantes qui ont préparé la Révolution Française et même, la Révolution Américaine.

Dès le 18e siècle, la Police surveille ces débits de boissons de plus en plus nombreux et vus d’un mauvais œil par cette Police qui décide de les contrôler.

Au 19e siècle, ce sont les autorités publiques qui s’emploient à mieux surveiller les débits de boissons.

Et pourtant, le nombre de cafés continue d’augmenter, tout comme la population d’ailleurs, car c’est l’époque de l’industrialisation qui voit s’établir des mines et des usines.

Le Docteur Roger Darquenne n’hésite pas à citer le docteur Hubert Boëns, un Carolo, (fondateur vers 1880 de la Ligue internationale des antivaccinateurs) : « La facilité avec laquelle les ouvriers rendent des crachats noirs, dit BoNS, est même considérée comme un gage de santé et de sécurité ? Aussi est-il d’usage, parmi eux, de boire quelques verres au sortir de la fosse, (c’était souvent de l’eau-de-vie) pour exciter l’expectoration ». Ajoutons-y le tabac à chiquer, en pincées ou en « roûles » pour « éviter d’avaler des poussières» (1). Ces préjugés, colportés par de nombreux et le tabagisme chez les charbonniers où ils firent tant de ravages.

À cette époque, on servait à boire dans pratiquement 1 maison sur 4; à Carnières, il y aurait eu alors plus de 300 débits de boissons !

Qu’on repense à Germinal !

L’alcoolisme régnait alors avec son cortège de misères et tout était prétexte à boire : les ducasses et autres réjouissances populaires, les événements familiaux etc…

Ce n’est que suite à l’arrivée des techniques modernes, telles la TV par exemple, que le déclin des cafés s’installe.

Au 20e siècle, il y a encore beaucoup de débits de boissons mais leur nombre baisse suite à la première guerre mondiale qui va amener misère et restrictions.

À cela s’ajoutent les taxes de plus en plus nombreuses.

Concernant les taxes, il n’y en n’avait pas en Grèce et à Rome mais bien au temps de CANTACUZENE à Byzance (14e s.).

Au Moyen Age, il y a eu beaucoup de droits et de taxes sur les boissons : sur les vins, les vins de fruits comme le cidre, le poiré, l’hydromel, la bière et l’alcool.

Sous Charles VI (14es.), il n’y avait pas moins de 28 droits ! (2)

Même si de nombreux droits ont été réunis et l’imposition des taxes simplifiée, cela restera en usage jusqu’à la Révolution Française.

Et même après la Révolution Française, il y a encore des taxes et des droits, comme par exemple la licence des débitants et le droit de circulation des boissons.

Que dire aussi des patentes? Et des accises? En vigueur en Belgique, depuis 1921.

Entre les deux guerres, la récession économique pousse à la fermeture beaucoup de débits de boissons.

En 1921, la loi Vandervelde interdit la vente au détail de boissons alcoolisées.

En 1935 on voit apparaître les congés payés qui vont influencer le genre de vie des travailleurs : jusqu’alors, on se réunissait dans les cafés pour y échanger des idées, des potins qui racontent la vie du quartier, du village voire du pays ou tout simplement pour communiquer !

C’était évidemment aussi le lieu de départ de beaucoup de rumeurs.

Le déclin des cafés continue après la guerre et encore plus après 1960, avec la fermeture des charbonnages.

Le progrès social, les salaires plus élevés et les jours de congés payés plus nombreux poussent les travailleurs à voyager: c’est l’essor des agences de voyages !
Actuellement, il reste très peu de cafés: la vie a changé, les mentalités aussi !


A.M.Marré-Muls


(1) DARQUENNE Roger, Les batailles pour la santé dans le Centre, Haine-Saint-Pierre, 1988.
(2) M. ESQUIROU DE PARIEU, Traité des impôts, Paris, 1866, p. 273-455.

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