Arthur Masson, c’est Toine Culot. Et Toine Culot, Arthur Masson. Le succès littéraire d’Arthur Masson a été énorme dans le milieu du 20e siècle. Né en Thiérache, le 22 février 1896, ce professeur des écoles à Nivelles est à l’origine de la Toinade, faite des aventures de “Toine Culot”, successivement “obèse ardennais” (1938), “maïeur de Trignolles” (1940), confronté à “la tourmente” (1946), et finalement “chef de tribu” (1965) et “retraité” (1966).

Comparé à Pagnol, qui aurait troqué le pastis pour le péket, il est le seul à avoir concurrencé alors Simenon sur le marché du livre francophone belge. Avec la complicité d’Octave Sanspoux pour les illustrations, Il y a fait le succès de la Librairie Vanderlinden, au 17 rue des Grands Carmes, à Bruxelles.

Mais on pourrait aussi le comparer à Gabriel Chevallier si celui-ci était resté aussi célèbre que la commune qu’il a créée de toute pièce : Clochemerle-en-Beaujolais. Clochemerle où Ernest Tafardel, l’instituteur a un grand projet : «Je veux faire construire un urinoir. […] Enfin, dit-il, une pissotière!».

Clochemerle, c’est Trignolles. A Trignolles, la vie va, calme, et il faut sans doute être originaire de Trignolles pour ne pas s’y ennuyer… mais qu’on s’y ennuie ou pas, c’est dans les deux langues, parce qu’à Trignolles, tout le monde est bilingue: le wallon, pour tous les jours, le français pour faire face à l’administration et à l’école, pour éviter les réprimandes…

Mais le roman préféré d’Arthur Masson, c’était, paraît-il, Thanasse et Casimir. Et le village de Thanasse et Casimir, c’est Cabussart. Le pitch, sans spoiler : Thanasse, est garde salle de la petite gare frontière de Cabussart. Brave homme, pas très intelligent et porté sur le péket, un brin colérique et grande gueule, il a le coeur sur la main. Il est aussi marié. Et il a deux enfants.

Sa femme, Charlotte, est une sacrée bonne femme… Un de ses plaisirs est d’asticoter son mari.

Leurs deux enfants? Le plus âgé est marié et a un petit qu’on appelle familièrement le “p’tit Crolè” – petites crolles, petites menottes… Poucet, Laridet, Grande Dame, Jean des Sceaux, Petit Courtaud… Petit Courtaud! Lisa est la cadette. Jolie fille, elle a un amoureux, électricien de son métier. Mais Badilon, au compte en banque bien garni, s’en est entiché…

Ce roman a été aussi un film, sorti en 1946, “made in Belgium”, qui a fait le succès de son cinéma d’après-guerre. Populaire et régionaliste, on y voit l’ombre de Pagnol et “Don Camillo” et “Pepone” ne sont pas loin. On l’a aussi appelé “Les Deux inséparables”. Mais rien ne valait “Thanasse et Casimir”.

C’est le seul long métrage réalisé par René Picolo, né le 24 février 1903 à la Hulpe et mort le 7 novembre 1996 à Wavre. Il était animateur et fantaisiste.

Au générique, on trouve Jules De Neumostier, né en 1905 à Engis et mort en 1989 à Liège. Il est Thanasse et a été interprète, speaker radio, humoriste et chanteur. Il compte l’un ou l’autre 78 tours, dont le prometteur “Mon ukulele”. On l’avait vu aussi un autre film, avant guerre: Bossemans et Coppenolle notamment..

Le bruxellois Edgard Willy, de son nom Edgar Dobbelaere, est Casimir. Il a une petite carrière internationale. Et on le voit notamment dans un film qui tient une place particulière dans l’histoire du cinéma belge, puisqu’il joue dans “Le Banquet des Fraudeurs”, premier long métrage de fiction d’Henri Storck, sur un scénario de Charles Spaak, et première coproduction internationale d’après guerre, en 1952. L’un de ses derniers films de 1973 aura connu un vrai succès populaire. C’est le “Home sweet home”, rebaptisé “La Fête à Jules”, de Benoît Lamy.

Bernard Chateau,


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