Tornades à Carnières Sujet d’actualité, les tornades ont aussi ravagé notre pays et Carnières !
On peut s’étonner de ne pas trouver trace de tornades dans les archives d’avant la fin du 16e siècle, voire du 17e siècle: en fait, il y avait bien sûr eu de nombreuses tempêtes de vents comme en 1567 par exemple comme décrit par Gonzales Decamps: « des vents impétueux désolèrent la région, épillèrent les blés, abattirent les fruits, déracinèrent des arbres et causèrent grands dommages aux demeures et granges. »
En fait, le mot « tornade » n’existait pas au Moyen Age. Ce terme fut amené par les Conquistadores, donc début 16e siècle.
On relève encore des plaintes de fermiers au 17e siècle, dont les récoltes ont subi des dommages dus aux orages violents.
De plus, il y avait au Moyen Age et pendant l’Ancien Régime, tellement de passages de troupes que les habitants souffrirent de nombreux dégâts tant dans leurs champs que dans leurs maisons.
Le lundi de Pâques en 1606, une tornade causa de sérieux ravages à Carnières. Ainsi, le clocher s’effondra; le corps même de l’église était découvert et beaucoup de murs lézardés. De nombreuses maisons furent elles-aussi dévastées par le vent ainsi que la grange de la Dime que l’abbaye d’Aulne possédait à Carnières, au bout de la Place. (A l’emplacement des anciens jardins de l’actuel Patria).
Rappelons ce qu’est la dîme : c’était l’obligation pour chaque paroisse de verser une fraction variable, en principe un dixième, des produits de la terre et de l’élevage à l’Eglise, en l’occurrence pour Carnières, à l’abbaye d’Aulne. Cette « taxe » était en usage pendant tout le Moyen Age et l’Ancien Régime et fut abolie en 1789 (Révolution française). L’abbaye d’Aulne possédait donc une grange afin d’y mettre et conserver les produits de la dîme, entre autres le houblon car l’abbaye d’Aulne possédait des houblonnières à Carnières.
On a une trace écrite de l’existence de la dîme, dès 1615 et on sait qu’elle fut tout à fait démolie en 1744.
Gonzales Decamps 2 signale un ouragan le 15 mars 1876: « Un épouvantable ouragan se déchaîne sur le pays. A Carnières, nombre d’arbres sont déracinés. A l’église, une croix en pierre surmontant le grand pignon de derrière est précipité à terre; le coq du clocher s’envole. Nombreux dégâts dans des maisons et des fermes, entre autres, rue de Collarmont, rue Vieille Eglise, sur la Place, rue du Moulin etc. Plusieurs grandes granges se sont écroulées.
Selon PIRM, on signale en Hainaut des tornades en : 1895-1901-1904- 1913-1919-1927-1934-1936-1950-1960-1968-1974-1986-1987-1992-1995 et 1999.
Revenons sur la tornade de 1934 car elle fut abondamment relatée par les journaux.
Le samedi 17 mars dans l’après-midi, des éclairs et des coups de tonnerre retentissaient ; soudain, une pluie de grêle se mit à tomber, dévastant les champs et les jardins…une tornade des plus violentes rasait tout sur son passage: il y eut des dégâts rue Vanrôme, Chaussée Brunehault jusqu’à la maison d’Alphonse Brunard qui faisait le coin de la rue. De nombreux hangars se sont affaissés, des centaines de carreaux furent brisés et de nombreux mobiliers anéantis. Beaucoup d’habitants ne purent plus résider dans leurs maisons dont les chambres étaient à découvert. Les photos vont bien illustrer ces tristes événements et valent mieux qu’un long discours.
A.M.Marré-Muls
1 G. DECAMPS, manuscrit, tome 1.
2 Idem, tome 6.
3 Institut Royal de Météorologie.