Dinant

Vers Dinant, Hugo compare le rocher Bayard « à une flèche de cathédrale » : ” tout à coup, un rocher pyramidal, aiguisé et hardi comme une flèche de cathédrale, apparaît au tournant du chemin. C’est le rocher à Bayard me dit le conducteur. La route passe entre la montagne et cette borne colossale “.

Toujours sur la rive droite de la Meuse, il découvre bientôt les rochers de Freyr : « C’est un brusque et horrible précipice. » Voici aussi les rochers de Marche-les-Dames, théâtre de la mort du Roi Albert en 1934.

Mais à propos, quelle est cette histoire du rocher Bayard, qui embarque avec lui le cheval éponyme et mêmes les quatre fils Aymon, qui font de ce coin de Wallonie une terre de légendes? Celle-ci est communément appelée du nom des quatre frères, du nom de leur cheval de légende, Bayard, ou encore du nom du personnage principal, Renaud de Montauban.

En ce temps-là, trouvères et trouveresses embellissaient la vie en poètes et compositeurs. Leur parole était portée ici par la langue d’oïl. Comme de longs poèmes narratifs chantés célébrant les plus hauts faits, leurs « chansons de geste » relataient les exploits guerriers de héros et de chevaliers à moins qu’ils ne s’agisse de personnages de légende.

Ce temps-là nous renvoie au moyen âge. Nous sommes au XII° siècle. Le Duc d’Aymon, vassal de Charlemagne, avait quatre fils : Allard, Guichard, Renaud et Richard, qui étaient alors à la cour de l’Empereur pour y être adoubés.

Las, une partie d’échec va se terminer de la pire des manières, et mettra Charlemagne dans une grande colère : Renaud a tué son neveu, Bertalai, d’un coup porté par une pièce de l’échiquier, lancée au visage.

Il ne reste aux quatre frères que la fuite, montés le cheval Bayard, doté de pouvoirs extraordinaires. D’un bond, ils se retrouvent dans les forêts d’Ardenne, où ils bâtissent un château et se cachent. Mais au bout de sept années, Charlemagne les retrouve et organise le siège du château. Une fois encore, ils ne trouveront le salut que dans la fuite et, toujours sur Bayard, d’un bond, ils franchissent la Meuse, galopant vers le sud.  Prenant son élan, Bayard donne un dernier coup de sabot à la roche, qu’il fend, faisant apparaître ainsi l’éperon rocher de la falaise.

La suite de leur histoire est ici.

Les quatre fils Aymon sur le cheval Bayard Burggraaf, Guillaume-Philidor Van den; Vervloet, Frans Estampe, URL permanente https://hdl.handle.net/2268.1/4700
Les quatre fils Aymon sur le cheval Bayard Burggraaf, Guillaume-Philidor Van den; Vervloet, Frans Estampe, URL permanente https://hdl.handle.net/2268.1/4700

Mais il reste, en témoin de l’histoire ainsi attestée, en bord de Meuse, le rocher Bayard, haut de ses 35 mètres. Et les contes et légendes de Bayard et de ses chevaliers, qui nourrissent encore le folklore. Et bien des artistes. Sans oublier que les bibliophiles y trouvent leur bonheur, comme avec comme cette édition de l’Histoire des “Quatre Fils Aymon, très nobles et très vaillans chevaliers” datant de 1883.

Et des éditeurs de la littérature pour enfants.

A suivre

Bernard Chateau,

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