A Bruges, Victor Hugo est en arrêt devant la « madone » de Michel-Ange, à l’église Notre-Dame, dite la Madone de Bruges, évoquant au passage le rapt de cette statue par Napoléon en 1794. Trouverait-il dans la ressemblance que son imagination lui donne à voir entre Napoléon enfant et le divin enfant une cause d’excuse? Toujours est-il qu’au retour de la statue, il ne parle pas de « restitution », mais de « reprise »…

Brugges la Madonne de Michelangelo source Wikimedia Commons
Bruges la Madonne de Michelangelo source Wikimedia Commons

« C’est un chef-d’œuvre miraculeux que cette statue. La tête de la Vierge est ineffable. Elle regarde avec une douleur fière que je n’ai vu qu’à cette tête et à ce regard. Quant à l’enfant, avec son grand front, ses yeux profonds et la puissante moue que font ses petites lèvres, c’est bien le plus divin enfant qui soit. Napoléon, qui avait dû ressembler à cet enfant-là, l’avait fait transporter à Paris. On l’a repris en 1815, et dans le trajet on a cassé, je devrais dire déchiré, un coin du voile de la Vierge. »

« La statue, en marbre de Carrare mesure 1m28 de haut. Le visage de Marie rayonne d’une grande sérénité dans laquelle cependant on perçoit le questionnement d’une mère face à l’avenir de son fils. Cette magnifique statue a été sculptée sur commande du Cardinal Francisco Piccolomini (futur pape Pie III) et était destinée au maître-autel de la cathédrale de Sienne en Toscane. Finalement, c’est un marchand brugeois du nom de Jan Mouscron qui l’acheta en Italie et qui l’offrit à l’église Notre-Dame de Bruges. C’est l’unique œuvre de Michel-Ange qui quitta l’Italie de son vivant ! La Statue fut d’abord transportée en bateau de Lucca jusqu’à Sluis. De là elle vint en procession jusqu’à l’église Notre-Dame où elle domine le tombeau de la famille Mouscron. Cette madone et son fiston voyagèrent malgré eux. Par deux fois ils furent forcés de quitter leur belle église dans des circonstances dramatiques. La première fois, ce fut Napoléon qui les ravit en 1794. Le traité de Vienne en 1816 les autorisa 12 ans plus tard à se rapatrier à Bruges. Marie et son fils se trouvèrent alors tranquilles pour 128 ans mais en 1944, ils furent à nouveau « pris en otages » par des soldats à la solde d’Hitler. Ils passèrent alors quelques mois dans une mine de sel autrichienne pour finalement être libérés par les Américains chargés de retrouver les œuvres d’art, les fameux « Monuments Men ». Le 12 novembre 45, indemnes de toute blessure, ils retrouvèrent leur ville ! ». Vous en saurez beaucoup plus en suivant ce lien, d’où sont issues ces quelques lignes sur ce chef d’oeuvre ou celui-ci.

A suivre

Bernard Chateau

Accueil » Victor Hugo et la Belgique (16). Quatrième partie. Hugo visits Flanders: Bruges.